(Altamira) Au lendemain de la rixe entre prisonniers qui a fait 57 morts dans le nord du Brésil, 46 détenus impliqués dans le massacre ont commencé à être transférés vers d’autres établissements mardi, ont annoncé les autorités pénitentiaires.

Lundi, des membres d’un gang de narcotrafiquants ont fait intrusion dans le secteur réservé à une bande rivale et causé un des pires bains de sang de l’histoire des prisons brésiliennes, à Altamira, dans l’État du Para, au cœur de la forêt amazonienne.  

Parmi les 57 victimes, 16 ont été sauvagement décapitées, mais la plupart sont mortes d’asphyxie, les assaillants ayant mis le feu au secteur qui consistait en un conteneur de fortune surpeuplé.  

AFP

La prison d'Altamira.

Les détenus ayant pris part à l’attaque, y compris 16 leaders soupçonnés de l’avoir commanditée, étaient transférés mardi par autobus vers d’autres prisons à Belem, capitale du Para, à plus de 800 km d’Altamira.

Certains ont pour destination des établissements fédéraux de haute sécurité.  

D’après une porte-parole, le gouvernement du Para doit verser une aide aux familles pour financer les obsèques de leurs proches.  

Fin mai, 55 détenus ont été tués en deux jours lors d’affrontements dans plusieurs prisons de l’État d’Amazonie, également dans le nord du Brésil.

Début 2017, des émeutes sanglantes ont causé la mort d’une centaine de prisonniers en un mois dans plusieurs États septentrionaux du pays, la plupart sauvagement assassinés, nombre d’entre eux étant décapités, parfois éviscérés.

Des massacres attribués par les autorités aux affrontements entre factions rivales de narcotrafiquants, pour qui le nord du Brésil est une zone stratégique du transport de cocaïne en provenance de pays producteurs voisins comme la Colombie, le Pérou ou la Bolivie.

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Des détenus sont escortés par des agents correctionnels lors de leur transfert.

Le Conseil National de Justice (CNJ), un organisme public chargé de vérifier la transparence du système judiciaire, a rédigé au début du mois un rapport pointant du doigt les « très mauvaises » conditions de détention de la prison d’Altamira.

D’après ce rapport, la prison, où s’entassaient plus de 300 détenus, avaient une capacité deux fois moindre et un nombre de gardiens insuffisants.

Avec plus de 726 000 détenus recensés en 2017, selon les derniers chiffres officiels, le Brésil compte la troisième population pénitentiaire du monde, souvent secouée par des drames.  

La capacité officielle n’est que de 423 242 places, soit environ trois cinquièmes du total de personnes incarcérées dans ce pays de près de 210 millions d’habitants qui est l’un des plus violents au monde.