Une organisation de défense des droits des femmes au Honduras a dénoncé mercredi une «épidémie» dans le pays de meurtres de femmes, dont le nombre a presque quadruplé entre 2005 et 2013.

Selon le Centre des droits des femmes, le taux de morts violentes, pour les femmes, a atteint 12 pour 100 000 habitants en 2014, plus que le niveau considéré comme une épidémie - 8,8 morts pour 100 000 - par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), «ce qui conduit à considérer ces meurtres comme une épidémie», a expliqué Claudia Herrmannsdorfer, porte-parole de l'ONG.

Ces déclarations surviennent trois semaines après une mobilisation géante en Argentine pour dénoncer une série de féminicides dans le pays.

Une indignation partagée par d'autres pays d'Amérique latine, avec des manifestations également organisées début juin au Chili, en Uruguay et au Mexique.

Au Honduras, les cas de meurtres de femmes ont grimpé «de manière alarmante», avec une hausse de 263% entre 2005 et 2013, selon le Centre des droits des femmes.

En 2013, 636 femmes ont été tuées, soit une toutes les 14 heures, un chiffre qui a baissé légèrement en 2014 (526). Entre janvier et mai 2015, déjà 152 féminicides ont été recensés.

Selon Claudia Herrmannsdorfer, interrogée par l'AFP, le gouvernement du Honduras s'est engagé depuis 20 ans à combattre les crimes machistes, mais «il y a un manque de coordination entre les huit organisations chargées des enquêtes», donc 94% des meurtres restent impunis.

La majorité d'entre eux «sont attribués au fait que les femmes (victimes) étaient impliquées dans des activités du crime organisé et pour cela on n'enquête pas, mais il faudrait le faire».

Le Honduras, qui souffre de la mainmise des bandes criminelles, est frappé par un record mondial d'homicides, avec 90 meurtres pour 100 000 habitants en 2012, selon l'ONU.