La justice mexicaine et le département des affaires intérieures de la police ont ouvert une enquête sur le massacre présumé de 16 civils par des policiers fédéraux en janvier à Apatzingan, dans l'État de Michoacán (ouest), selon le ministre de l'Intérieur.

Un reportage, publié le weekend dernier par la revue Proceso et le site Aritegui Noticias, a mis en cause la police fédérale dans la mort de 16 personnes le 6 janvier lors de la dispersion d'ex-policiers ruraux - corps issu de milices d'autodéfense - qui protestaient devant la mairie d'Apatzingan.

Ce reportage contredit la version officielle initiale selon laquelle neuf personnes avaient trouvé la mort dans un affrontement entre ex-policiers ruraux et policiers fédéraux, et en raison d'un tir croisé.

Le ministre de l'Intérieur, Miguel Osorio Chong, a annoncé une enquête. «Nous attendons le résultat de l'enquête et, avec cela, nous serons en mesure de savoir ce qui s'est réellement passé ce jour-là à Apatzingan», a déclaré M. Osorio Chong à la presse lundi soir.

La veille de la diffusion du reportage, la Commission nationale de sécurité - qui contrôle la police fédérale - avait indiqué dans un communiqué qu'elle avait reçu une série de vidéos pouvant «indiquer un usage excessif de la force de la part d'éléments de la police fédérale».

De son côté, l'ancien commissaire à la sécurité du Michoacán à l'époque responsable de l'enquête, Alfredo Castillo, s'est déclaré «serein et avec l'entière certitude» du bien fondé de l'enquête officielle menée à l'époque.

M. Castillo, qui a nié avoir reçu des plaintes pour disparitions lors de l'opération policière, a estimé que ce qui apparaît dans les vidéos est «très probablement sorti de son contexte».

L'ex-commissaire a contesté les témoignages anonymes du reportage et valorisé les 44 déclarations «avec nom et prénom» recueillies à l'époque par les autorités et parmi lesquelles «pas une seule ne donne de version différente».

Le reportage de Proceso se base sur 39 témoignages anonymes, sur des vidéos et des documents qui tendent à montrer que ce sont les autorités qui ont ouvert le feu lors de deux incidents.

Dans le premier, des policiers auraient tiré sur une centaine de personnes qui manifestaient devant la mairie à 2 h 30 du matin, certains policiers hurlant «Tuez les comme des chiens!»

La seconde fusillade serait intervenue quelques heures plus tard: des policiers auraient ouvert le feu sur une dizaine de véhicules qui avaient pris en chasse un convoi policier emmenant des manifestants interpellés.