Le président du Venezuela Nicolas Maduro a obtenu dimanche de l'Assemblée nationale à Caracas des pouvoirs spéciaux qui lui permettront de gouverner par décret jusqu'à la fin de l'année en matière de sécurité et de défense face à «l'agression impérialiste» des États-Unis.

«L'Assemblée déclare que cette loi (sur les pouvoirs spéciaux, ndlr) a été approuvée», a proclamé son président, Diosdado Cabello, le numéro deux du régime vénézuélien, à l'issue d'un vote à main levée après un peu plus de deux heures de débats.

Nicolas Maduro avait demandé mardi à l'Assemblée nationale de lui donner «des pouvoirs suffisants pour défendre la paix, la souveraineté et le développement du Venezuela face à la menace du gouvernement des États-Unis», qu'il a qualifiée d'«aberration historique»

«L'agression et la menace des États-Unis sont les plus graves qu'ait jamais subies le Venezuela», avait ajouté le président, après l'annonce la veille par Washington de sanctions contre de hauts responsables vénézuéliens, elles-mêmes prises en réaction à des violations des droits de l'homme au Venezuela.

«Vous n'avez pas le droit de nous agresser et de déclarer que le Venezuela est une menace pour le peuple des États-Unis, la menace pour le peuple américain, c'est vous», avait encore dit M. Maduro à l'adresse du président Barack Obama.

Celui-ci avait qualifié le 9 mars la situation au Venezuela de «menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis». Il avait annoncé des gels d'avoirs et des interdictions de visas contre sept responsables vénézuéliens impliqués dans la violente répression des manifestations contre le gouvernement entre février et mai 2014.

M. Maduro a déjà bénéficié des pouvoirs spéciaux à partir de fin 2013 en matière économique, permettant au gouvernement de légiférer directement par décret. Cela n'a pas empêché son pays de s'enfoncer dans une crise économique aiguë.

Mais si, dans les faits, le régime chaviste peut facilement légiférer puisqu'il dispose de 60% des sièges au Parlement monocaméral, c'est une façon, pour un président en mal de popularité (seulement 20% d'opinions favorables), de réaffirmer son pouvoir, estiment des analystes.

L'annonce des sanctions avait déjà entraîné, le 9 mars, le rappel immédiat du plus haut représentant diplomatique du Venezuela aux États-Unis, un épisode qui est survenu après des années de frictions, les deux pays n'ayant plus d'ambassadeurs respectifs depuis 2010.