Le matériel radioactif volé lundi au Mexique a été retrouvé mercredi à un demi-kilomètre du camion qui le transportait et en dehors de son conteneur, ce qui met la vie de la personne qui l'a manipulé en danger, selon un responsable de la Commission nationale de sécurité nucléaire (CNSNS).

Mardonio Jiménez, directeur de la supervision opérationnelle du CNSNS, a précisé à l'AFP qu'un détachement militaire et policier a barré l'accès de la zone, une partie rurale de l'État de Mexico (centre) pour protéger la population de tout risque et récupérer la source radioactive, a-t-il ajouté.

Les autorités mexicaines avaient averti, en lançant une alerte après le vol, que le chargement du camion avait à son bord un chargement radioactif «extrêmement dangereux».

Le véhicule blanc de marque Volkswagen transportait du matériel médical vers un centre de stockage de déchets radioactifs lorsqu'il a été braqué lundi dans une station-service de Tepojaco, dans l'État d'Hidalgo, à environ 50 kilomètres au nord de Mexico, a annoncé la Commission nationale mexicaine de sécurité nucléaire (CNSNS).

Le matériel devait être livré, non loin de là, au centre de stockage de déchets radioactifs, à Maquixco, dans l'État de Mexico.

Le vol a été perpétré par deux hommes armés qui ont attaché le conducteur du camion, selon la déposition de ce dernier aux autorités locales.

«Je suis arrivé à la station-service. Deux individus se sont approchés de moi, m'ont menacé avec des armes à feu et sont partis avec le camion en me laissant sur les lieux», a dit le conducteur dans sa première déposition, montrée par des officiels de l'État d'Hidalgo à des journalistes.

Le directeur de la station Pemex, située à une heure de route de Mexico, a dit à l'AFP que le chauffeur semblait s'être arrêté de l'autre côté de la rue pour finir sa nuit.

Un employé du Centre a indiqué que le chauffeur avait probablement attendu l'ouverture du Centre mardi à 08H00 locales.

Selon l'autorité nucléaire, le matériel contenu dans le camion «ne représente aucun risque tant que la protection n'est pas enlevée ou endommagée», mais le CNSNS avait exhorté d'avance «toute personne qui serait en possession du chargement ou le trouverait à ne pas l'ouvrir ni l'endommager, ce qui pourrait avoir de graves conséquences sanitaires».

Aucune information n'a filtré sur d'éventuels suspects, dans un pays souvent secoué par des affrontements entre trafiquants de drogue et les opérations déclenchées par l'État contre les groupes criminels, qui ont fait au moins 77 000 morts depuis 2006.

«Au moment du vol, la source (radioactive) était correctement protégée», a indiqué l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans un communiqué diffusé mercredi à Vienne, où se trouve son siège.

Le cobalt 60, une substance très dangereuse

Selon l'Agence, le camion transportait du cobalt 60, utilisé en radiothérapie, provenant d'un hôpital de la ville de Tijuana.

Le matériel volé (photo ci-dessous) contenait environ 60 grammes de cobalt 60 avec une activité de 3000 curies, a indiqué à l'AFP le directeur de la sécurité radiologique du CNSNS, Jaime Aguirre Gomez.

La substance ne pourrait être utilisée comme une véritable arme nucléaire mais elle peut potentiellement servir à la fabrication d'une «bombe sale» combinant explosifs conventionnels et isotopes radioactifs.

Selon Michelle Cann, une analyste du Partenariat pour la sécurité globale, basé à Washington, la quantité volée au Mexique est «suffisante» pour fabriquer une bombe sale. «Mais le niveau potentiel de dommages et de contamination dépend de beaucoup de facteurs».

Les experts mettent régulièrement en garde contre le danger que représentent les stocks importants de ce type de substances entreposées dans les hôpitaux, universités ou usines, sans surveillance suffisante.

L'année dernière, l'AIEA a répertorié 17 cas de possession illégale et de tentatives de vente de substances nucléaires dans le monde et 24 cas de vol ou de perte, ce qui représente «la partie visible de l'iceberg», selon l'Agence.

De nombreux cas concernent d'anciens territoires soviétiques comme la Tchétchénie (Caucase russe), la Géorgie et la Moldavie, où plusieurs personnes ont été arrêtées en 2011 en tentant de vendre de l'uranium pouvant servir à fabriquer des armes.

Le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, avait déclaré en juillet au cours d'une conférence sur la sécurité nucléaire que de nombreux pays avaient pris des mesures mais avait mis en garde contre une «fausse sensation de sécurité».

Le cobalt 60 «apparaît dans plusieurs accidents entraînant des victimes parce que le matériau était manipulé par des personnes qui n'étaient pas conscientes de sa dangerosité», a expliqué à l'AFP Mark Hibbs, analyste à la fondation Carnegie pour la paix internationale.

Photo: AFP