La justice colombienne a ordonné mercredi l'arrestation de l'ancien chef des services secrets, Miguel Maza Marquez, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat en 1989 du candidat à la présidence Luis Carlos Galan.

«Il s'agit d'un crime contre l'humanité, c'est la raison pour laquelle il a été demandé un placement en détention préventive», a indiqué le procureur de la Nation, Eduardo Montealgre, dans un communiqué, en précisant que l'ancien responsable devait désormais se livrer à la justice.

Dans le passé, la justice avait déjà lancé deux procédures à son encontre, mais ce dernier avait été libéré pour vice de forme.

Ancien général dans la police, M. Marquez dirigeait les services secrets lorsque s'est produit l'attentat contre ce dirigeant politique libéral, réputé être l'ennemi acharné des cartels colombiens de la drogue, très puissants à cette époque.

Deux fois candidat à la présidence, M. Galan, avait été abattu par des tueurs à gages durant une réunion publique le 18 août 1989 près de la capitale, Bogota. Deux semaines avant sa mort, les autorités avaient déjoué une tentative d'attentat contre lui.

«Les menaces contre Galan étaient de notoriété publique», a souligné M. Montealegre, en observant que sa protection policière n'avait pas été renforcée malgré les menaces reçues de la part des cartels de la drogue.

L'année suivante, en 1990, durant la même campagne électorale, deux autres candidats présidentiels avaient été assassinés, Carlos Pizaro et Bernardo Jaramillo, qui défendaient respectivement les couleurs de l'ex-guérilla nationaliste du M19 et celles de l'Union patriotique, un mouvement proche de la rébellion marxiste des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie).

Éclaboussés par de nombreux scandales, notamment durant la présidence d'Alvaro Uribe entre 2002 et 2010, les services secrets ont été dissous et entièrement refondés en 2011 après 58 ans d'existence.

Ils ont été notamment accusés d'écoutes illégales et de collusion avec les milices paramilitaires, nées dans les années 80 pour combattre les guérillas. Démobilisées depuis 2006, elles sont tenues pour responsables de nombreux massacres de civils et de liens avec les groupes de narcotrafiquants.