Le président Evo Morales a annoncé mercredi l'expulsion de Bolivie de l'USAID, l'agence américaine pour le développement international, en l'accusant de conspiration et d'ingérence dans la politique intérieure bolivienne.

«Nous avons décidé d'expulser l'USAID de Bolivie. L'USAID s'en va de Bolivie», a lancé M. Morales dans un discours enflammé prononcé devant des milliers de personnes.

Il s'adressait à la foule pendant un rassemblement pour la fête du Travail sur la place d'Armes de La Paz, devant les bâtiments des pouvoirs exécutif et législatif boliviens.

L'USAID, présente en Bolivie depuis 1964, se trouve dans ce pays «pour des objectifs politiques et non pour des objectifs sociaux», a affirmé M. Morales, une des figures de la gauche radicale latino-américaine.

L'USAID et d'autres institutions liées à l'ambassade des États-Unis à La Paz «conspirent contre le peuple, et particulièrement contre le gouvernement national», a accusé M. Morales, qui dirige la Bolivie depuis 2006.

En 2008, pour des motifs similaires, la Bolivie avait expulsé l'ambassadeur des États-Unis et l'agence antidrogue américaine DEA.

«Plus jamais l'USAID, qui manipule, qui utilise nos frères dirigeants, qui utilise des camarades de la base en leur donnant des aumônes!», a déclaré le président bolivien.

Dans son discours, M. Morales a critiqué avec virulence le secrétaire d'État américain John Kerry, qui avait déclaré en avril, devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des Représentants, que l'Amérique latine était «l'arrière-cour» des États-Unis.

L'expulsion de l'USAID constitue notamment «une protestation contre ce message du chef de la diplomatie des États-Unis», a dit M. Morales.

«Sûrement, (les États-Unis) croiront toujours qu'ici on peut manipuler politiquement, économiquement», a dit le président bolivien. «Mais cela, c'était dans les temps anciens».

M. Morales a publiquement chargé le ministre bolivien des Affaires étrangères, David Choquehuanca, de communiquer à l'ambassade des États-Unis l'expulsion de l'USAID, «cet instrument (de Washington) qui persiste à avoir une mentalité de domination, de soumission».