Les habitants des Malouines (Falklands en anglais) ont voté lundi à 98,8% en faveur du maintien dans le giron britannique à l'issue d'un référendum, restant sourds aux revendications de souveraineté de l'Argentine qui jugeait le scrutin nul et non avenu.

Quelque 92% des 1.672 électeurs de cet archipel disputé de l'Atlantique sud ont dit «oui» à une écrasante majorité au maintien du statut de territoire d'outre-mer du Royaume-Uni pour les Malouines, selon des chiffres officiels.

Seuls trois votes se sont exprimés contre le maintien des îles au sein du Royaume-Uni.

Le retentissant résultat du «oui», qui a été délivré à 22h30 dans l'archipel de l'Atlantique sud, n'a fait l'objet d'aucune contestation.

Si la plupart des électeurs étaient concentrés à Stanley, la capitale, les habitants des zones les plus reculées pouvaient voter grâce à des bureaux de vote mobiles, embarqués sur des 4X4, et même par avion.

Le gouvernement local s'est félicité dimanche d'une forte participation lors de la première journée de scrutin, pour lequel la victoire du «oui» ne faisait pas de doute.

Le bookmaker britannique Ladbrokes a estimé que le résultat constituait la «plus forte certitude de l'histoire des paris en politique».

Le vote a suscité peu d'intérêt médiatique au Royaume-Uni, où les journaux n'ont consacré que quelques courts articles en pages intérieures à ce référendum qui s'est déroulé à quelque 13 000 kilomètres des côtes britanniques.

Si ce scrutin a eu lieu avec la bénédiction du gouvernement britannique qui contrôle l'archipel depuis 1833, l'Argentine l'a d'emblée disqualifié comme une «tentative britannique de manipulation» et prévenu qu'il «ne mettra pas un terme au différend sur la souveraineté».

Pour Buenos Aires, les «Islanders» constituent une «population implantée» par les Britanniques et ne peuvent revendiquer le droit à l'autodétermination.

«Nous respectons leur souhait de rester britanniques, mais le territoire sur lequel ils habitent ne l'est pas», a déclaré l'ambassadrice d'Argentine à Londres, Alicia Castro, qualifiant le scrutin de «manoeuvre médiatique et dilatoire».

«Ce vote est destiné à dire au monde ce que les gens pensent. Peu importe ce que dit l'Argentine, le reste du monde, lui, ne l'ignorera pas», a assuré de son côté un député local, Barry Elsby, joint au téléphone dimanche par l'AFP alors qu'il faisait la queue sous la pluie pour voter.

«Je suis très fier de ce que nous faisons aujourd'hui», a ajouté ce médecin de 57 ans d'origine galloise, arrivé aux Malouines en 1990.

Alors que le comité spécial de l'ONU sur la décolonisation demande l'ouverture de négociations britannico-argentines pour régler ce contentieux, les «Islanders» espèrent que ce référendum fera avancer leur cause.

Dans la capitale de l'archipel, les maisons et les magasins étaient pavoisés avec le drapeau du Royaume-Uni et celui des Falklands, qui comporte le blason des îles: un mouton, au-dessus d'une caravelle, avec la devise «Desire the Right» (désire le droit).

Parallèlement, lundi après-midi à Buenos Aires, des militants argentins avaient fait signer une pétition avec l'objectif de recueillir un million de signatures pour demander l'ouverture d'un dialogue sur les Malouines entre Londres et Buenos Aires.

En 2012, le 30e anniversaire de la guerre qui a opposé le Royaume-Uni et l'Argentine à propos de ces îles, faisant plus de 900 morts, a suscité un regain de tensions entre les deux pays.

La découverte de gisements de pétrole à la fin des années 1990 n'a fait qu'aiguiser l'intérêt pour cet archipel battu par les vents, peuplé de 2500 habitants et 500 000 moutons, où sont stationnés 1300 militaires.

Des observateurs internationaux, venus notamment d'Amérique latine, étaient sur place pour s'assurer du bon déroulement du scrutin, qui a attiré aussi une trentaine de journalistes du monde entier sur «l'archipel de la discorde».

La représentante du gouvernement des Malouines au Royaume-Uni, Sukey Cameron, a suggéré que ce territoire d'outre-mer pourrait devenir indépendant un jour.

«Cela pourrait arriver dans 50, 70, 100 ans mais pour l'instant nous sommes très satisfaits de notre relation avec le Royaume-Uni», a-t-elle dit dimanche à Sky News. «Il est possible que quelques personnes sur l'île votent 'non' mais cela n'équivaut pas nécessairement à dire 'oui' à l'Argentine», selon elle.