Ce ne sont pas les défis qui manquent pour le président mexicain, Enrique Peña Nieto, investi aujourd'hui. Son prédécesseur, Felipe Calderón, laisse un pays dans une situation économique plutôt stable. Mais l'échec de la lutte contre le narcotrafic et la hausse des inégalités sont des bâtons dans les roues du nouveau chef d'État, souligne notre collaboratrice à Mexico, qui explique ses principaux défis.

1) S'attaquer à la violence et à la corruption

Contrairement à la politique de Felipe Calderón, Enrique Peña Nieto ne souhaite pas s'en prendre en priorité aux chefs de cartel. Il dit vouloir s'attaquer à la violence quotidienne et à la corruption dans les différents corps des forces de l'ordre. Avec la suppression du ministère de la Sécurité publique, ces questions seront désormais confiées à l'équivalent du cabinet du premier ministre, pour un meilleur contrôle des troupes accusées de collusion avec le narcotrafic. Les militaires inexpérimentés déployés dans les rues depuis six ans sont renvoyés à leur caserne. Ils seront remplacés par une gendarmerie nationale formée spécifiquement pour lutter contre le crime organisé.

2) Doper la croissance

Objectif: 6 %. Si le Mexique a plutôt résisté à la crise malgré sa dépendance à l'égard du voisin américain et est repassé devant le Brésil en 2012, la moyenne de la croissance des six dernières années tourne autour des 2 %. Peña Nieto a promis d'augmenter les recettes publiques par une réforme fiscale (destinée à en finir avec les grandes entreprises qui ne paient pas d'impôts), une privatisation partielle de PEMEX, la société nationale pétrolière qui est un gouffre financier pour le pays, et une libéralisation du travail.

3) Faire travailler les jeunes

L'économie informelle touche un tiers de la population active et le taux de chômage avoisine les 5 %. Les chiffres chez les jeunes sont inquiétants: 10 % d'entre eux sont sans emploi. Pour Diego Palacios, du Fond des Nations unies pour la population, le Mexique court un risque en ne mettant pas sa jeunesse à profit. «Le pays dispose d'une ressource importante de jeunes en âge d'entraîner une croissance du pays, devant une population future vieillissante.»

4) Réduire la pauvreté et les inégalités

Pas moins de 46 % des Mexicains vivent sous le seuil de pauvreté et 11 % subsistent dans une pauvreté extrême. Les résultats corrects sur le plan macroéconomique ne profitent pas à tous et les inégalités se creusent. Selon Gonzalo Hernandez, secrétaire de direction du Conseil national d'évaluation de la politique de développement social, Peña Nieto doit «s'attaquer aux faibles salaires, à un système éducatif en retard, à une santé et des conditions de vie trop précaires».

5) Redorer le blason de son parti

Le retour du Parti révolutionnaire institutionnel, celui du président, est loin de faire l'unanimité. Et le bilan de Peña Nieto comme gouverneur de l'État de Mexico ne joue pas en sa faveur (plus fort taux de meurtres de femmes et lourde dette). Les opposants craignent une reprise des méthodes d'antan (clientélisme et monopoles). Les réformes politiques et le retour de l'État de droit sont essentiels pour la jeune démocratie mexicaine.