La Cour suprême du Brésil a entamé vendredi un débat polémique sur l'usage de l'amiante qui oppose l'industrie et les associations de victimes de l'amiante dans ce pays, grand producteur et exportateur du produit.

«Le ministère de la Santé recommande l'élimination de toute forme d'usage de l'amiante dans tout le territoire national», a affirmé le directeur du département de la vigilance sanitaire, Guilherme Franco Netto, cité par la Cour suprême qui a convoqué une audience publique sur ce sujet.

Le secrétaire de Géologie du ministère de l'Énergie, Claudio Scliar, a défendu en revanche «l'usage contrôlé de l'amiante, alléguant que ce n'est pas dangereux pour la santé et en soulignant les intérêts économiques de cette grande industrie. Il a également souligné que 140 des 194 pays membres de l'ONU utilisent l'amiante.

Le Brésil est le troisième producteur mondial d'amiante chrysotile, un type d'amiante qui, selon l'industrie locale, n'est pas nocif. Cette industrie génère 170.000 emplois directs.

«L'amiante est banni dans toute la communauté européenne, au Chili, en Argentine. Le Brésil est le troisième producteur mondial, est le deuxième exportateur après la Russie, et l'industrie est très forte économiquement. Le Brésil dit qu'il produit de l'amiante qui n'est pas dangereux, mais cela n'a aucun fondement scientifique», a déclaré à l'AFP Marc Hindry, représentant de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante de Francia (Andeva) qui cherche à interdire l'amiante, considérée comme cancérigène, dans tous les pays du monde.

Le ministère brésilien de la Santé affirme que de 2008 à 2011, le système de santé publique a dénombré 25.093 cas de cancers provoqués par l'amiante et 2.400 décès de 2000 à 2011.

La Cour suprême tiendra une seconde et dernière audience publique dans une semaine pour aider les juges à définir s'ils déclarent ou non «inconstitutionnelle» une loi de l'État de São Paulo - capitale économique du pays- qui interdit l'usage de produits contenant de l'amiante sur son territoire.