Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui a gouverné le Mexique pendant 71 ans, revient au pouvoir après 12 ans d'opposition, son candidat Enrique Peña Nieto étant crédité de 42% des voix à l'élection présidentielle de dimanche, selon des sondages de sortie des urnes.

M. Peña Nieto arriverait plus de 10 points devant le candidat de la gauche, Andres Manuel Lopez Obrador.

Six grands médias, journaux et télévisions, ont confirmé la tendance qui représente une sévère défaite pour le parti gouvernemental dont la candidate Josefina Vazquez Mota arrive en troisième position avec moins d'un quart des suffrages exprimés.

«Je reconnais que la tendance jusqu'à présent ne m'est pas favorable», a rapidement reconnu la candidate du Parti action national (PAN), le parti conservateur du président Felipe Calderon, qui n'était pas rééligible selon la Constitution.

«Le nouveau gouvernement aura l'occasion, mais surtout la grande responsabilité d'agir et de tenir ses promesses», a dit Mme Vazquez Mota, en reconnaissant implicitement sa défaite devant ses partisans, mais sans mentionner le vainqueur.

Au siège du PRI, au centre de la capitale, où a déferlé une vague rouge et blanche (les couleurs du parti durant la campagne), des centaines de sympathisants ont explosé de joie et brandit des banderoles en apprenant les résultats des sondages: «On a gagné, on a gagné!».

Près de 79,5 millions de Mexicains étaient appelés dimanche à élire pour six ans leur nouveau président, dans un scrutin majoritaire à un tour, ainsi que les deux chambres du Parlement.

Le président de l'Institut fédéral électoral (IFE), Leonardo Valdés, a souligné peu après la clôture du scrutin que quelques «incidents mineurs» lors du vote «n'avaient pas eu de conséquence sur les résultats de la consultation électorale».

À Mexico, la gauche conservera la mairie qu'elle détient depuis 1997, grâce à la large victoire de son candidat, l'ancien procureur Miguel Angel Mancera, qui obtient près de 60% des voix. La candidate du PAN, Isabel Miranda de Wallace subit une déroute avec moins de 15% des suffrages.

Selon d'autres enquêtes de sortie des urnes, le PRI gagne également 4 des 6 postes de gouverneur qui étaient en jeu et en particulier dans l'État du Jalisco (ouest), dont la capitale est Guadalajara, deuxième ville du Mexique, et tenue auparavant par le PAN.

Dimanche matin, souriant, le favori des sondages, le télégénique Enrique Peña Nieto avait voté dans sa ville natale d'Atlacomulco, dans l'État de Mexico, dont il a été gouverneur de 2005 à 2011.

«Je souhaite que lors de cette journée électorale le vainqueur soit le peuple du Mexique», a dit alors le candidat du PRI.

M. Peña Nieto, un avocat de 45 ans, a promis un «gouvernement efficace» qui permette la baisse de la criminalité, ainsi qu'une croissance économique devant faire diminuer la pauvreté qui touche plus de 46% des 112 millions de Mexicains.

Un important dispositif de sécurité avait été déployé pour le scrutin. Des hélicoptères et de nombreuses forces de police surveillaient les bureaux de vote et les institutions stratégiques de la ville de Mexico, tandis que l'armée patrouillait dans les régions les plus violentes du pays, comme le nord, le nord-est ou une partie de la côte du golfe du Mexique, où les cartels mènent une lutte sanglante pour les routes permettant d'acheminer la drogue vers les États-Unis.

Selon la plupart des premiers commentaires, la guerre déclenchée par le président Calderon à son arrivée au pouvoir contre les narcotrafiquants, avec plus de 50 000 morts en 5 ans, constitue l'une des causes principales de la défaite du PAN.

Selon Javier Oliva, de l'Université nationale autonome du Mexique, «le défi le plus important est de reconstruire la paix sociale dans les zones les plus affectées par la violence au Mexique».