Quinze jours après sa capture dans le sud de la Colombie, la guérilla des FARC a proposé dimanche de remettre le journaliste français Roméo Langlois à une mission humanitaire, ainsi qu'un représentant de la France.

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie ont annoncé au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) «leur disposition à relâcher le journaliste français Roméo Langlois», dans un message qui avait été publié auparavant par l'agence cubaine Prensa Latina.

Correspondant de la chaîne France 24, M. Langlois, 35 ans, a été capturé lors d'un combat entre les rebelles marxistes et une brigade de l'armée qu'il accompagnait pour filmer une opération anti-drogue dans le département de Caqueta, fief de la guérilla, à la lisière de la forêt amazonienne.

Le délégué du CICR en Colombie, Jordi Raich, a confirmé auprès de l'AFP avoir «reçu directement le communiqué» du groupe rebelle concernant M. Langlois.

«Nous nous réjouissons de l'annonce de la libération et nous sommes prêts pour l'organiser où que ce soit et au plus tôt», a indiqué M. Raich, dont l'organisme humanitaire a, dans le passé, récupéré à bord d'hélicoptères de nombreux otages dans la jungle.

«La prochaine étape, c'est de connaître la date et le lieu. Ils ne nous ont rien dit à ce sujet», a-t-il précisé, assurant que l'organisme humanitaire était prêt à «se mettre en marche à tout moment», y compris par «voie terrestre ou fluviale».

Dans ce message signé par sa direction nationale, les FARC proposent de faire appel, outre au CICR, à l'ex-sénatrice colombienne Piedad Cordoba, médiatrice auprès de la rébellion, au nom de la «sécurité» du journaliste.

«Pour garantir encore plus sa vie et sa sécurité», la guérilla a proposé de «le remettre dans un lieu sûr à une commission comprenant la Croix-Rouge internationale, l'ex-sénatrice Piedad Cordoba et un représentant personnel du nouveau président français François Hollande».

La médiation de Mme Cordoba, responsable de l'ONG «Colombiens et Colombiennes pour la paix» et ex-sénatrice destituée de son mandat en raison de liens présumés avec la guérilla, a déjà permis d'obtenir la libération de trente otages depuis 2008.

«Nous verrions d'un très bon oeil et nous signalerions comme un geste positif une libération rapide», a réagi Ivan Cepeda, autre parlementaire membre de cette ONG, interrogé par la radio colombienne RCN.

Cette déclaration des FARC constitue un revirement de la part de la rébellion qui avait d'abord qualifié M. Langlois de «prisonnier de guerre», au motif qu'il portait un gilet pare-balles et un casque de l'armée, liant sa libération à un débat sur l'information en Colombie.

Selon les témoignages de soldats, le journaliste français avait été blessé à un tir au bras et s'était lui-même rendu aux guérilleros en se présentant comme civil.

Fondée en 1964, la principale guérilla du pays, qui compte encore 9200 combattants, repliés dans les régions de montagne et de forêt, s'était engagée en février à renoncer à la pratique des enlèvements contre rançon, avant de relâcher en avril les derniers policiers et militaires retenus en captivité.

La capture du journaliste français avait soulevé un tollé, relayé par les organismes humanitaires et de défense de la presse, qui avaient rappelé à la guérilla sa promesse de ne plus prendre d'otages, tout en soulignant que M. Langlois jouissait de la protection accordée aux civils par les conventions internationales.

«Appréhender au milieu d'un combat quelqu'un revêtu de l'uniforme de l'ennemi ne remet en rien en cause cet engagement. Seule une vision franchement biaisée pourrait parler d'un otage», ont rétorqué les FARC dans leur message de dimanche.