Un groupe paramilitaire a menacé «d'éliminer» le groupe criminel des Zetas, réputé le plus violent du Mexique, dans une vidéo postée sur l'internet, quelques jours après la découverte de 49 cadavres sur des voies publiques de Veracruz, la ville portuaire de l'est du pays.

Cette déclaration a été «rejetée» par le gouvernement mexicain dans un communiqué diffusé lundi soir.

La vidéo diffusée, enregistrée samedi selon ses auteurs, montre un groupe de cinq hommes en noir, masqués, derrière une table blanche, se présentant comme les «Mata Zetas» (tueurs de Zetas). L'un d'entre eux présente ses «excuses» à la population et aux autorités: «notre intention était de faire savoir au peuple de Veracruz que ces fléaux de la société ne sont pas invincibles».

Le gouvernement a pour sa part souligné lundi soir son intention de combattre «tout groupe ou organisation criminelle qui agit en marge de la loi ou qui génère la violence». «Dans l'État mexicain il n'y a pas place pour la manifestation ou l'action d'une personne, d'un groupe ou d'une organisation qui porte atteinte ou fasse violence à l'État de droit, quelle que soit sa cause, sa motivation ou sa finalité», souligne le gouvernement dans son communiqué.

Dans la plus récente vidéo, mise en ligne le weekend dernier, le groupe explique s'en prendre aux Zetas parce que la population en a assez des enlèvements et des extorsions dont le cartel se rend coupable. Le groupe se présente comme «l'aile armée du peuple (...) des guerriers sans visage, fièrement Mexicains».

Aucun groupe n'a officiellement revendiqué ces vidéos, mais le style et le langage utilisés ressemblent à une vidéo mise en ligne en juillet et dans laquelle une vingtaine d'hommes armés se présentaient comme les «Mata Zetas» du cartel Nouvelle Génération, un groupe associé au cartel de Sinaloa.

Si des vidéos supposément mises en ligne par des cartels mexicains circulent fréquemment, les autorités prennent celles-ci particulièrement au sérieux depuis que 35 cadavres ligotés et torturés ont été lancés dans les rues de la ville de Veracruz. Toutes les victimes, dont 12 femmes et deux mineurs, entretenaient des liens avec les Zetas, et les tueurs seraient des membres du groupe Nouvelle Génération, selon ce qu'a indiqué sous le couvert de l'anonymat un membre des forces armées mexicaines.

Un expert en sécurité, Egdardo Basucaglia, a de son côté dit craindre l'émergence au Mexique d'organisations paramilitaires qui s'impliqueront dans la guerre entre narcotrafiquants, avec l'aide, la collaboration ou à tout le moins la tolérance de la police et de l'armée. Une situation similaire avait prévalu en Colombie dans les années 1980 et 1990, quand le gouvernement avait fermé les yeux sur les milices d'extrême-droite qui s'étaient formées pour combattre les rebelles de gauche.

Par ailleurs, une Mexicaine aurait été tuée et décapitée après s'être exprimée sur un site web anticriminalité. Un message retrouvé à côté du corps de Maria Elizabeth Macias évoquait ses écrits sur «Nuevo Laredo en Vivo», un site utilisé par les résidants de cette ville pour dénoncer la criminalité et informer leurs concitoyens des agissements des narcotrafiquants.

Mme Macias était aussi une employée du quotidien Primera Hora, mais son assassinat ne serait pas associé à ses activités professionnelles puisque cette publication ne couvre plus la criminalité depuis environ deux ans.

Les policiers ne s'expliquent pas encore pourquoi elle a été ciblée, ni comment ses tueurs -qui seraient des membres des Zetas- ont découvert son identité réelle. Mme Macias serait la troisième résidante de Nuevo Laredo assassinée ce mois-ci pour des propos tenus en ligne.

La semaine dernière 49 cadavres avaient été retrouvés en 48 heures, mardi et jeudi, sur des voies publiques à Veracruz, au moment même où s'y tenait une réunion nationale de hauts magistrats et procureurs.