Une nouvelle étape s'est ouverte cette semaine en Haïti dans le processus qui doit mener à la présidentielle du 28 novembre avec le début des enregistrements des candidats, mais le doute plane encore sur la tenue du scrutin dans ce pays meurtri par le séisme du 12 janvier.

Le 28 novembre, les élections législatives doivent également avoir lieu. Environ 70 partis et groupes politiques sont déjà enregistrés, a annoncé le Conseil électoral provisoire (CEP), maintenu par le président René Préval pour organiser les scrutins présidentiel et législatifs, en dépit des véhémentes protestations d'une partie de la classe politique qui dénonce la mainmise du pouvoir sur l'institution.

Sur le front de l'organisation de la présidentielle, jeudi, le CEP a officiellement ouvert la période d'enregistrement des candidatures.

Mais à six mois de la fin de son mandat, le 7 février 2011, une partie de la classe politique haïtienne continue de réclamer la démission du président en exercice, accusé de vouloir se maintenir au pouvoir.

De nombreux candidats sont attendus pour les premières élections depuis le séisme. Parmi eux, figure la star internationale du hip-hop Wyclef Jean, qui vit aux États-Unis depuis son enfance et dont l'annonce d'une éventuelle candidature a suscité beaucoup de commentaires.

Désigné «ambassadeur de bonne volonté d'Haïti» par René Préval en 2007, Wyclef Jean a multiplié les interventions dans son pays d'origine après le séisme du 12 janvier pour venir en aide à ses compatriotes en organisant des levées de fonds aux Etats-Unis et en accompagnant des stars de Hollywood en Haïti.

Mais le doute persiste sur la possibilité même de tenir des élections dans un climat de crise humanitaire et de contestation politique.

L'ONU a cependant assuré être prêt à fournir la sécurité nécessaire pour que quelque 4,5 millions d'Haïtiens puissent se rendre aux urnes.

Parmi eux, des centaines de milliers de personnes ont été déplacées et plus d'un million restent sans-abri, vivant depuis plus de six mois sous des tentes de fortune ou dans des abris provisoires dressés par des organisations internationales, la plupart du temps dans des places publiques.

«Nous allons mettre l'intégralité de nos militaires, de nos policiers, tous nos moyens logistiques, les hélicoptères, le personnel civil de l'ONU au service des élections», a assuré Edmond Mulet, représentant en Haïti du secrétaire général des Nations unies.

«Tout est prêt. Nous serons parfaitement capables de donner l'assistance nécessaire aux autorités haïtiennes», a-t-il ajouté, en rappelant que «sans État de droit, la reconstruction ne peut pas se faire».

Près de 14 000 casques bleus (militaires et policiers) seront ainsi déployés aux côtés des 9 000 à 10 000 policiers haïtiens pour assurer la sécurité autour des élections.

Jeudi par ailleurs, l'Organisation des États américains (OEA) et les pays du Marché commun de la Caraïbe (Caricom) ont annoncé l'envoi d'une importante mission d'observation de 193 membres pour suivre le processus électoral depuis l'inscription des candidats jusqu'à la proclamation des résultats.

«Il s'agit de la plus nombreuse, la plus longue et la plus chère mission jamais réalisée par les deux organisations», ont assuré les diplomates de l'OEA et de la Caricom, qui souhaitent que les élections soient crédibles et la participation suffisante.

Haïti, à qui la communauté internationale a promis 11 milliards de dollars sur 5 ans pour sa reconstruction, attend également des bailleurs étrangers une aide de 22 millions de dollars sur un budget de 29 millions pour pouvoir organiser ces élections.