La Bolivie a connu lundi sa première grève générale illimitée sous la présidence depuis 2006 du socialiste Evo Morales, dans un contexte de tension sociale et de manifestations qui ont fait au moins deux morts le weekend dernier, selon les autorités et des sources locales.

La grève pour une hausse des salaires, à l'appel de la Centrale ouvrière bolivienne (COB), première centrale du pays et allié traditionnel de Morales, avait un impact modéré, selon les médias locaux à mi-journée. L'activité était proche de la normale dans les banques, commerces, administrations de La Paz.

Le secteur de l'enseignement public était le plus affecté.

Les syndicats qui réclament aussi un abaissement de l'âge de la retraite, actuellement à 60 ans, ont lancé une marche depuis Caracollo vers La Paz et la présidence, à 200 km.

Le gouvernement a passé la nuit de dimanche en tractations avec la COB: un compromis pourrait porter sur des augmentation échelonnée, 8% pour les bas salaires, 3% pour ceux supérieurs à 1 000 bolivianos (141 dollars).

L'État avait proposé une hausse générale de 5%, rejetée par les syndicats réclamant entre 12 et 25% selon les secteurs.

M. Morales doit par ailleurs recevoir mardi des dirigeants de Caranavi (140 km au nord de La Paz), où des heurts violents entre police et manifestants ont eu lieu vendredi et samedi, selon le ministre de l'Intérieur Sacha Llorenti, qui avait fait état d'un mort et de 24 blessés.

Les habitants ont fait état d'un deuxième mort par balles.

Mario Hernani Jimenez, un étudiant de 19 ans, est décédé à l'hôpital après avoir été blessé samedi dans les affrontements entre policiers et manifestants à Caranavi, selon le père de la victime. La première victime, David Callizaya, 18 ans, avait trouvé la mort dans les mêmes circonstances.

Selon les médias locaux, les affrontements ont fait une trentaine de blessés.

Les manifestants bloquaient depuis 12 jours une route d'accès à l'Amazonie pour réclamer l'installation d'une usine agro-alimentaire, également réclamée par un district voisin. Ils ont incendié le siège local de la police.

Les policiers étaient intervenus pour dégager la route.

Le ministre Llorenti a dénoncé «non pas une mobilisation sociale (...) mais une action politique armée» derrière les violences à Caranavi.

Le vice-président Alvaro Garcia a estimé en fin de semaine que la grève générale aussi «a un contenu politique». Il a suggéré une influence américaine dans l'agitation sociale, via «quelques fonctionnaires de l'ambassade».