Alors que les régions de Maule et de Concepción, les plus touchées par le séisme et le tsunami, sont victimes de pillages et d'un manque criant d'eau et de vivres, la population se plaint que le gouvernement ne semble pas entendre ses appels à l'aide.

Malgré l'instauration d'un couvre-feu, la vague de pillages s'est poursuivie hier à Concepción, deuxième agglomération urbaine en importance du Chili.

Cette ville, l'une des plus ravagées par le séisme du week-end, restait difficilement accessible hier. Les réseaux de communications ne fonctionnaient presque pas, le système électrique était en panne et les nouvelles, qui émanaient au compte-gouttes, n'avaient rien de réjouissant.

«Après avoir pillé les supermarchés et les magasins, les voleurs s'attaquent aux résidences», s'indigne Nibaldo Mosciatti, journaliste à Radio Bío-Bío, que La Presse a joint hier à Santiago.

«Il y a eu une véritable explosion de pillages, c'est monstrueux, il faudra que les sociologues essaient de comprendre ce qui s'est passé», s'étonne le journaliste. Il raconte que, le jour du séisme, des femmes avaient pris du lait dans un supermarché fermé. Mais le phénomène a vite dégénéré, avec des pillages massifs dans d'autres commerces, puis dans des quartiers résidentiels.

Hier, des pilleurs ont incendié un supermarché dont le toit s'est partiellement effondré, blessant un pompier.

Selon les témoignages recueillis par Nibaldo Mosciatti, la ville de Concepción ne présente pas l'image de fin du monde que l'on a vue à Port-au-Prince. Malgré la force de la secousse, qui a atteint 8,8 sur l'échelle de Richter, la majorité des immeubles sont restés debout. Mais plusieurs ont été fissurés et les habitants de la ville craignent de réintégrer leur maison. Les gens dorment à l'extérieur, devant leur résidence, question de se protéger contre les pilleurs.

Cette insécurité crée un climat de «psychose» à Concepción, mais aussi dans des régions voisines, comme celle du Maule, et elle entrave les premiers efforts de reconstruction, déplore le journaliste.

Les autorités régionales appellent donc le gouvernement du Chili à étendre le couvre-feu, qui ne touche que Concepción. Hier, la présidente Michelle Bachelet a annoncé le déploiement de nouvelles troupes dans les régions du Maule et de Bío Bío.

Tolérance

En attendant le retour de l'ordre, la police fait preuve d'une certaine tolérance à l'endroit de ceux qui forcent la porte de magasins pour s'approvisionner en nourriture. «S'il s'agit d'aliments de base, de lait, de farine, d'eau, la consigne est de ne pas arrêter les gens, car tout est fermé», a expliqué un policier interrogé par l'Agence France-Presse.

Hier, le Chili s'est résolu à réclamer l'aide internationale pour les milliers de survivants en attente de secours. Selon la première évaluation de la Croix-Rouge internationale, qui a débloqué un fonds d'urgence de 380 000$ pour le Chili, ce pays a un urgent besoin d'hôpitaux mobiles et de génératrices. Les ponts brisés et les routes défoncées rendent les régions les plus touchées difficiles d'accès.

Selon les dernières données, le séisme a fait un peu plus de 720 victimes, dont 300 dans le seul village côtier de Constitución, balayé par une immense vague après le tremblement de terre.

Avec l'Agence France-Presse