Débarquement de la baie des Cochons, crise des missiles ou tentatives incongrues de suppression du «Lider Maximo»: les relations entre les Etats-Unis et Cuba depuis la révolution dirigée par Fidel Castro sont dignes d'un roman d'espionnage.

Le président élu Barack Obama souhaite aujourd'hui entamer des discussions directes avec les ennemis historiques des Etats-Unis, parmi lesquels Cuba, une épine dans le pied du pays, l'île rappelant au monde entier qu'il n'est pas nécessaire d'être une grande puissance pour résister à l'hégémonie américaine.Mais pour récolter les fruits d'une nouvelle relation avec le gouvernement de Raul Castro, frère du «chef suprême» de la révolution cubaine écarté en février du pouvoir pour raison de santé, il faudra dépasser un long passé fait de méfiance mutuelle, de crises et de tensions.

«Cuba semble produire le même effet sur les administrations américaines que la pleine lune sur les loups-garous», estime Wayne Smith, expert en politique étrangère et ancien diplomate chargé des intérêts américains à La Havane.

Mais Fidel Castro n'a pas toujours été la bête noire de Washington. Le gouvernement mis en place après le renversement du régime pro-américain du général Fulgencio Batista le 1er janvier 1959 avait été très vite reconnu par les Etats-Unis.

Au mois d'avril de la même année, Fidel Castro avait rencontré dans la capitale américaine le vice-président Richard Nixon. Mais ses projets de nationalisation d'entreprises étrangères n'avaient pas été bien perçus.

Puis, en avril 1961, près de 1.400 exilés cubains entraînés et payés par la CIA tentaient sans y parvenir de débarquer sur l'île, dans la baie des Cochons.

En 1962, les Etats-Unis décidaient d'imposer à Cuba un embargo commercial qui se durcira avec le temps.

Les Etats-Unis soutiendront ensuite nombre de projets d'assassinat de Fidel Castro, des projets racontés dans un livre par l'ancien chef de la sécurité cubaine, le général Fabian Escalante, qui vont du cigare qui explose aux cachets et à la combinaison de plongée empoisonnés.

Les tensions entre les deux pays connaîtront leur point d'orgue en octobre 1962, lorsqu'un avion espion américain repère sur l'île des missiles nucléaires soviétiques dirigés vers les Etats-Unis. Le monde se prépare alors à une guerre nucléaire.

Mais les concessions faites par le président américain John F. Kennedy qui promet de ne pas envahir Cuba et de retirer ses missiles de Turquie, pointés vers le sol russe, ainsi que celles du dirigeant russe Nikita Khrouchtchev qui retire ses missiles de Cuba évitent un conflit.

Fidel Castro, qui n'avait pas été tenu au courant de l'accord conclu entre Washington et Moscou, demande alors aux Etats-Unis de quitter la base navale de Guantanamo à l'extrémité sud-est de l'île.

Mais la base, un héritage de la guerre de 1898 entre Espagnols et Américains, restera aux mains de ces derniers, qui en font en 2002 un centre de détention réservé aux individus soupçonnés de liens avec Al-Qaïda ou les talibans, symbole des excès de la «guerre contre le terrorisme» de l'administration du président sortant George W. Bush.

Avec l'arrivée au pouvoir le 20 janvier de Barack Obama, les relations entre l'île et les Etats-Unis pourraient changer. Pendant sa campagne électorale, le président élu s'est en effet déclaré favorable à un allègement de l'embargo imposé à Cuba et a promis de revoir les restrictions aux visites sur l'île d'Américains d'origine cubaine et aux envois de fonds.