(Londres) Il n’y aura pas de pandémie de variole simienne, a prédit lundi la principale experte de l’Organisation mondiale de la Santé, mais plusieurs questions demeurent sans réponse, y compris exactement comment la maladie se propage et si les vaccins développés contre la variole il y a plusieurs décennies pourraient malencontreusement accélérer sa transmission.

Lors d’une audience publique lundi, la docteure Rosamund Lewis a dit qu’il est essentiel de garder en tête que la vaste majorité des cas détectés dans des dizaines de pays l’ont été chez des hommes gais ou bisexuels, de manière à ce que les scientifiques puissent étudier la question plus en profondeur et que les populations à risque puissent prendre des précautions.

« C’est très important de le décrire parce que ça semble être une augmentation d’un mode de transmission qui a possiblement été sous-reconnu dans le passé », a dit la docteure Lewis.

Malgré tout, elle a prévenu que tous sont potentiellement menacés par la maladie, peu importe leur orientation sexuelle. D’autres experts ont souligné que la maladie a possiblement été détectée chez des hommes gais et bisexuels pour la première fois par hasard, et qu’elle pourrait se propager à d’autres groupes si rien n’est fait. À ce jour, dit l’OMS, plus de 250 cas sont recensés dans 23 pays où la variole simienne n’avait précédemment jamais été repérée.

La docteure Lewis a admis qu’on ne sait pas si la variole simienne est transmise pendant l’activité sexuelle ou lors des contacts étroits pendant l’activité sexuelle. Elle assure que le risque pour la population générale est « faible ».

« On ne sait pas encore si ce virus exploite un nouveau mode de transmission, mais il est clair qu’il continue à exploiter son mode de transmission bien connu, à savoir des contacts physiques rapprochés », a-t-elle dit.

On sait que la variole simienne se propage lors de contacts physiques étroits avec la personne infectée, ses vêtements ou ses draps.

Elle prévient par ailleurs que l’on constate, dans les cas actuels, une proportion plus élevée de gens ayant moins de lésions qui sont plus concentrées dans la région génitale, et parfois impossibles à voir.

« Vous pouvez avoir ces lésions pendant deux ou quatre semaines (et) elles ne sont peut-être pas visibles aux autres, mais vous pourrez quand même être contagieux », a prévenu la docteure Lewis.

La semaine dernière, un conseiller de l’OMS a dit que les éclosions en Europe, aux États-Unis, en Australie et ailleurs sont probablement liées à des activités sexuelles lors de deux fêtes en Espagne et en Belgique.

La plupart des victimes de la variole simienne ressentent de la fièvre, des courbatures, des frissons et de la fatigue. Les cas les plus graves développent des lésions au visage et sur les mains qui peuvent se propager à d’autres parties du corps. On ne rapporte pour le moment aucun décès.

La docteure Lewis a dit que, même si des éclosions précédentes de variole simienne en Afrique centrale et de l’Ouest ont été relativement endiguées, on ne sait pas si les victimes asymptomatiques pourraient propager la maladie ou si la maladie pourrait se transmettre par les airs, comme la rougeole ou la COVID-19.

La variole simienne est apparentée à la variole, mais ses symptômes sont plus modestes. Après l’éradication de la variole en 1980, les pays ont interrompu leurs programmes de vaccination massive. Des experts croient que cela pourrait contribuer à la propagation de la variole simienne, puisque la population ne dispose plus que d’une faible immunité contre les maladies similaires. Les vaccins contre la variole protègent aussi contre la variole simienne.

La docteure Lewis a dit qu’il serait « dommage » que la variole simienne puisse exploiter le « vide immunitaire » laissé par la variole il y a 40 ans. Elle a assuré qu’il est encore possible d’empêcher la variole simienne de s’implanter dans de nouvelles régions.