Alors que le nombre de victimes civiles de la guerre en Ukraine a franchi le cap des 3000 morts, les ministres de l’Énergie de l’Union européenne (UE) tentent de trouver une stratégie pour réduire leur dépendance aux énergies fossiles russes. Dans cette foulée, l’Allemagne s’est déclarée prête pour un embargo sur l’importation de pétrole russe.

Ce changement d’attitude de l’Allemagne, pays européen dépendant du pétrole comme du gaz russes, a été dévoilé lundi par les ministres des Finances, Christian Lindner, et de l’Économie, Robert Habeck, à une rencontre des ministres de l’Énergie tenue à Bruxelles.

« L’Allemagne est prête à de nouvelles sanctions, incluant un embargo », a déclaré le ministre Christian Lindner à CNN.

PHOTO MICHAEL SOHN, ASSOCIATED PRESS

Christian Lindner, ministre des Finances de l’Allemagne

Nous nous sommes préparés à être moins dépendants des importations énergétiques russes. Il faut du temps pour y arriver. Ce fut une erreur de se rendre dépendant de cette manière, mais nous faisons des progrès.

Christian Lindner, ministre des Finances de l’Allemagne

Selon Charles Séguin, professeur agrégé au département des sciences économiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), cette décision tombe sous le sens d’une gradation des sanctions allemandes face à la Russie.

« C’est nouveau, mais il reste que du point de vue de l’Allemagne, le pétrole est moins critique que le gaz russe. Ils y vont avec une gradation, dit-il. Ils ont commencé par le charbon, qui faisait le moins mal. On semble maintenant passer par le pétrole, et le gaz arrivera en dernier, car c’est ce qui est le plus délicat pour l’économie allemande. L’ordre me semble respecté en termes de ce qui est le plus critique à cette économie. »

Maintenir un front uni

La réunion d’urgence tenue lundi à Bruxelles a entre autres pour but de maintenir un front uni face à Moscou, qui réclame maintenant un paiement en roubles pour la livraison de produits pétroliers et gaziers. Déjà, la Pologne et la Bulgarie ont vu les livraisons de pétrole russe interrompues face au refus de ces deux pays de payer les factures en roubles. On craint que l’actuel front commun de l’UE se fractionne face à cette exigence russe.

3153 morts

Pendant ce temps, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a annoncé lundi que le nombre de victimes civiles de la guerre depuis le début de l’invasion russe, le 24 février, avait franchi le cap des 3000 morts pour s’arrêter à 3153, une hausse de 254 par rapport aux chiffres publiés vendredi. Cette branche de l’ONU reconnaît qu’en raison des difficultés d’accès sur le terrain, ce décompte est en deçà de la réalité. Uniquement à Marioupol, les autorités locales affirment que plus de 20 000 personnes auraient été tuées.

Odessa bombardée

À Odessa, port ukrainien sur la mer Noire, des attaques de missiles ont été enregistrées au cours de la journée. Le gouverneur local, Maksym Marchenko, a indiqué sur Telegram qu’un tir de missile avait fait des morts et des blessés, sans donner de détails. L’agence médiatique Suspilne News a indiqué qu’un édifice religieux avait été touché pour ensuite ajouter qu’un garçon de 15 ans était mort à la suite de cette frappe et qu’une jeune fille avait aussi été hospitalisée.

Difficiles évacuations à Marioupol

À Marioupol, l’évacuation des civils se poursuit dans des conditions précaires et incertaines. Le maire de la ville, Vadym Boichenko, a déclaré que le processus était « très difficile » et dépendait de la bonne volonté des autorités russes. Dimanche, une centaine de civils ont pu quitter les tunnels construits sous le site de l’aciérie Azovstal. On sait peu de choses quant à l’évacuation d’autres civils de la ville, qui devait reprendre lundi en matinée. On estime toujours à 100 000 le nombre d’Ukrainiens restants dans les limites de la ville.

Succès militaires ukrainiens

Par ailleurs, l’armée ukrainienne a revendiqué certains succès militaires lundi, à commencer par la destruction de deux patrouilleurs russes à proximité de l’île des Serpents en mer Noire. Valeri Zaloujny, commandant en chef des Forces armées ukrainiennes, a mis en ligne sur Facebook la vidéo de deux missiles frappant de plein fouet des patrouilleurs de la classe Raptor pouvant transporter une vingtaine de soldats et trois membres d’équipage. « Bayraktar fonctionne », a ajouté le commandant, une référence aux drones de combat turcs utilisés par les Ukrainiens. Ces derniers revendiquent aussi la reprise de contrôle de secteurs au nord et à l’est de Kharkiv, ce qui permettra d’endiguer les attaques de missiles russes contre la ville.

Trudeau dénonce les propos de Sergueï Lavrov

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a dénoncé lundi les propos du ministre russe des Affaires étrangères voulant qu’Adolf Hitler avait du sang juif. Les propos de Sergueï Lavrov « sont ridicules et inacceptables », a commenté le premier ministre Justin Trudeau en marge d’une annonce pour l’industrie automobile en Ontario. Il s’est dit peu surpris par ce nouvel exemple de désinformation de la Russie. « Ce que le ministre russe des Affaires étrangères vient de dire est incroyable, a-t-il ajouté. Le Canada, tous les pays raisonnables partout dans le monde, les Canadiens de même que tous ceux qui s’opposent aux horreurs de l’Holocauste et à la montée extrêmement inquiétante des crimes haineux – qu’il s’agisse d’antisémitisme, d’islamophobie ou de racisme anti-Noirs –, nous devons condamner toujours plus fort les positions ridicules et inacceptables de la Russie tout en appuyant l’Ukraine. »

Avec Mylène Crête, La Presse, Reuters, CNN, l’Associated Press, The Guardian, l’Agence France-Presse et LN24 (Belgique)

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    Afin de faire face à la hausse des prix et dans l’espoir de réduire la dépendance énergétique face à la Russie, l’eau des piscines publiques extérieures de Berlin a été abaissée de 1,7 ℃ pour se situer à 26 ℃.
    source : Associated Press