(Paris) Presque un mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, les forces russes ne contrôlaient mardi ni la capitale Kyiv, ni la grande ville portuaire stratégique de Marioupol, dans le sud, mais poursuivaient d’intenses bombardements sur plusieurs villes.

« Depuis sa conception, l’effort militaire russe a manqué de précision. Trop peu de forces, sur trop d’axes d’avancées, parfois en compétition les uns avec les autres », estimait lundi sur Twitter l’analyste Michael Kofman, directeur Russie du groupe de réflexion américain CNAS, au diapason des analyses occidentales.  

Voici un point de la situation établi à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place et de services d’urgence, ainsi que de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

Kyiv, Kharkiv et le Nord

L’armée russe tente toujours d’encercler Kyiv et fait face à la résistance ukrainienne. Les bombardements se sont poursuivis, notamment contre un centre commercial dans la nuit de dimanche à lundi, tuant au moins huit personnes.

Un nouveau couvre-feu a été décrété de lundi soir à mercredi matin dans Kyiv. Mais aucune offensive n’a été constatée lundi.

Au nord, les forces russes sont passées « en mode défensif et on assiste à la mise en place de fortifications de campagne », tweetait lundi l’ancien colonel français Michel Goya. « La bataille de Kyiv se transforme en siège d’artillerie de longue durée ».

Kharkiv (nord-est) est entourée par les forces russes sur plusieurs côtés et les grands axes, mais n’est pas encerclée. Les bombardements s’y poursuivent.

Les Russes « ont remplacé la conquête de la ville par un siège d’artillerie », estimait à cet égard Michel Goya. Les forces ukrainiennes ont repoussé un régiment blindé russe au sud d’Yzioum (120 km au sud-est de Kharkiv), précisait-il.

Le Sud

Majoritairement russophone, Marioupol, stratégiquement située entre la Crimée (sud) et le territoire séparatiste de Donetsk (est), est bombardée depuis des semaines par les Russes.

Le ministère britannique de la Défense affirme que les Ukrainiens continuent de repousser les assauts russes. La ville de Kherson est la seule ville majeure conquise entièrement par les forces de Moscou.  

Celles-ci tentent de progresser vers l’ouest et la mer Noire mais ne progressent pas autour de Mykolaïv. L’activité marine des Russes demeure au large d’Odessa, port sur la mer Noire, mais une attaque semble improbable, selon des sources militaires et experts occidentaux.

Les Ukrainiens « sont désormais, dans certaines situations, à l’offensive », a déclaré le porte-parole du Pentagone John Kirby sur CNN, affirmant qu’ils « pourchassent les Russes et les repoussent en dehors de zones où les Russes étaient par le passé ».

L’Ouest et le Centre

Pas de bombardement majeur sur l’ouest et le centre de l’Ukraine ces derniers jours.

L’Est

La ville d’Avdiivka, toute proche de Donetsk, a été la cible d’une attaque russe dans la soirée de lundi (5 morts, 19 blessés), selon Lioudmila Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien. La ville a été « la cible de tirs d’artillerie et de bombardements aériens (russes) », a-t-elle dit.

À Lissitchansk, à 150 km au nord-est de Donetsk, deux autres personnes ont été tuées, trois blessées et huit sauvées des décombres à la suite d’une autre frappe, a-t-elle poursuivi.

La ville de Soumy, proche de la frontière russe, est encerclée. L’état-major ukrainien affirme que de l’artillerie lourde ennemie est acheminée vers Kharkiv, qui constituerait un élément clé si les Russes, comme beaucoup d’analystes le pensent, veulent l’encercler elle aussi.

Bilan humain

Aucun bilan précis n’est disponible.  

Au moins 925 civils ont été tués en Ukraine dont 75 enfants, d’après le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), qui souligne que les bilans réels sont probablement très supérieurs.  

Les pertes de l’armée ukrainienne s’élèvent à « environ 1300 » militaires, a indiqué le 12 mars le président ukrainien Volodymyr Zelensky.  

Moscou a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan (498 soldats tués). L’Ukraine affirme que l’armée russe, elle, a perdu « environ 12 000 hommes ».  

Le Pentagone a fourni une estimation de 2000 à 4000 morts russes en deux semaines, mais des sources du renseignement américain citées par le New York Times tablent désormais sur plus de 7000 en trois semaines.

Réfugiés et déplacés

Environ 10 millions d’Ukrainiens ont fui leur foyer, dont un tiers environ est parti à l’étranger, principalement en Pologne, selon l’ONU.