(Téhéran) L’Iran a affirmé jeudi que les États-Unis avaient formulé de « nouvelles exigences » pour relancer l’accord sur le nucléaire iranien et les a accusés de « compliquer » les discussions, après que Moscou a déjà réclamé des garanties supplémentaires pouvant retarder les pourparlers.

Téhéran est engagé depuis onze mois dans des négociations à Vienne avec les grandes puissances pour tenter de sauver l’accord de 2015.

Conclu par l’Iran d’un côté, et les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne de l’autre, l’accord est censé empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique en échange de la levée des sanctions économiques qui asphyxient son économie.

Mais ce pacte s’est délité après le retrait en 2018 des États-Unis qui ont rétabli leurs sanctions contre l’Iran. En réaction, Téhéran s’est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire.

« Il n’y a pas de justification rationnelle à certaines des nouvelles exigences formulées par les États-Unis », a déclaré jeudi le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, ajoutant que ces dernières contredisaient la volonté affichée de Washington d’une « conclusion rapide d’un accord ».

Il n’a pas précisé quelles étaient ces exigences.

Selon le ministre iranien, qui s’est entretenu au téléphone avec le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, les États-Unis – qui participent indirectement aux négociations de Vienne – « ne peuvent pas nous transmettre un message nouveau et différent chaque jour » par le biais de l’UE.

M. Borrell a lui appelé les États-Unis et l’Iran à « faire preuve de plus de souplesse dans l’échange de messages et à faire des efforts » pour parvenir rapidement à un accord, selon un communiqué iranien.

Plus tôt jeudi, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale en Iran, Ali Shamkhani, a tweeté que « les négociations de Vienne se compliqu(ai)ent d’heure en heure sans décision politique des États-Unis. »

Prolongations

Les États-Unis ont de leur côté réaffirmé jeudi qu’un « accord » restait « proche » et pouvait être conclu « dans les prochains jours ». « Il ne reste vraiment qu’un tout petit nombre de questions en suspens, mais elles sont en suspens, car il s’agit des plus difficiles », a dit le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, sans évoquer de nouvelles exigences de Washington.

Il y a quelques jours, Moscou avait déclaré qu’avant de soutenir un nouvel accord, la Russie souhaitait obtenir des Américains l’assurance écrite que les sanctions qui lui ont été imposées en raison de la guerre en Ukraine n’affecteraient pas sa coopération économique et militaire avec Téhéran.

Européens et Américains ont mis en garde contre la possibilité que cette exigence russe retarde la conclusion d’un accord à Vienne.

« Certains essayent de nous rendre responsables de la prolongation des pourparlers », mais « ces négociations n’étaient même pas au stade final », a réagi le négociateur russe Mikhaïl Oulianov.

« Comme tout autre participant, nous avons le droit de demander quelque chose », a-t-il ajouté, soulignant : « toutes nos relations économiques et commerciales avec l’Iran doivent être à l’abri des sanctions actuelles et futures européennes ou américaines ».

« Nous exhortons toutes les parties, y compris bien sûr la Fédération de Russie, à se concentrer sur la résolution des questions en suspens pour parvenir à notre objectif commun, qui est de faire en sorte que l’Iran soit empêché de manière permanente et vérifiable d’obtenir une arme nucléaire », a répondu Ned Price.

« Nous n’avons aucune intention d’offrir quoi que ce soit de nouveau ou de spécifique à la Russie en relation avec les sanctions » liées à l’invasion de l’Ukraine, a-t-il prévenu.

Jeudi également, le guide suprême iranien Ali Khamenei, ultime décideur sur les dossiers sensibles comme celui du nucléaire, a souligné que son pays ne renoncerait pas à son programme nucléaire.

« Les progrès scientifiques en matière nucléaire sont nécessaires pour répondre aux besoins du pays dans le futur proche, et si nous y renonçons, vers qui et vers où devrons-nous nous tourner dans les prochaines années ? », a déclaré l’ayatollah Khamenei selon un communiqué sur son site officiel.

Réduire les capacités défensives de l’Iran comme le souhaite « l’ennemi » relèverait de « l’amateurisme », a-t-il ajouté.