(New York) Le Conseil de sécurité de l’ONU a prévu une réunion vendredi à la demande de la Russie pour discuter de ce que Moscou prétend être « les activités biologiques militaires des États-Unis sur le territoire de l’Ukraine », allégations démenties avec véhémence par l’administration de Joe Biden.

« C’est exactement le genre d’opérations sous fausse bannière que nous avons prévenu que la Russie pourrait lancer pour justifier une attaque aux armes biologiques ou chimiques, a déclaré jeudi soir Olivia Dalton, porte-parole de la mission américaine auprès des Nations unies. La Russie manipule psychologiquement le monde ou utilise le Conseil de sécurité de l’ONU comme lieu de promotion de sa désinformation. »

La demande russe, annoncée dans un tweet jeudi après-midi par son premier ambassadeur adjoint à l’ONU, Dmitry Polyansky, fait suite au rejet par les États-Unis des accusations russes selon lesquelles l’Ukraine gère des laboratoires chimiques et biologiques avec le soutien des États-Unis.

En réponse aux accusations — sans preuves — de cette semaine de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, la secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a lancé mercredi un avertissement public selon lequel la Russie pourrait utiliser des armes chimiques ou biologiques contre l’Ukraine.

Mme Psaki a qualifié l’affirmation de la Russie d’« absurde » et a écrit sur Twitter : « Tout cela est un stratagème évident de la Russie pour tenter de justifier sa nouvelle attaque préméditée, non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine ».

Mercredi, le secrétaire de presse du Pentagone, John Kirby, a qualifié l’affirmation russe de « série de foutaises ».

Mme Dalton a déclaré que « la Russie a une histoire bien documentée d’utilisation d’armes chimiques et a longtemps maintenu un programme d’armes biologiques en violation du droit international » ainsi qu’« un bilan d’accusations fausses de l’Occident des mêmes violations que la Russie elle-même commet ».

Dmitry Chumakov, un autre ambassadeur adjoint de Russie à l’ONU, a réitéré l’accusation mercredi, exhortant les médias occidentaux à couvrir « l’actualité des laboratoires biologiques secrets en Ukraine ».

Un tweet du ministère russe de la Défense, après le message de M. Polyansky appelant à une réunion du conseil, faisait référence à un « briefing sur les résultats de l’analyse des documents liés aux activités biologiques militaires des États-Unis sur le territoire de l’Ukraine ».

L’ONU a annoncé jeudi soir que la réunion aura lieu à 10 h HNE. Le chef du désarmement de l’ONU, Izumi Nakamitsu, et la cheffe politique de l’ONU, Rosemary DiCarlo, doivent informer le conseil.

Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a réitéré jeudi ce qu’il avait dit mercredi — que l’Organisation mondiale de la santé, qui travaille avec le gouvernement ukrainien, « a déclaré qu’elle n’était au courant d’aucune activité de la part du gouvernement ukrainien qui serait incompatible avec ses obligations conventionnelles internationales, y compris sur les armes chimiques ou les armes biologiques ».

Pendant des mois, les États-Unis ont mis en garde contre les opérations russes sous fausse bannière pour créer un prétexte à l’invasion.

L’avertissement de la Maison-Blanche et la déclaration de Mme Dalton jeudi suggèrent que la Russie pourrait chercher à créer un prétexte pour aggraver davantage le conflit vieux de deux semaines qui a vu l’offensive russe ralentie par des Ukrainiens plus forts que prévu.

La communauté internationale estime depuis des années que la Russie a utilisé des armes chimiques pour mener des tentatives d’assassinat contre des ennemis de Vladimir Poutine comme Alexey Navalny, maintenant dans une prison russe, et l’ancien espion Sergei Skripal, qui vit au Royaume-Uni. La Russie soutient également le gouvernement Assad en Syrie, qui a utilisé des armes chimiques contre son peuple au cours d’une guerre civile de 11 ans.

Le Conseil de sécurité a tenu sa réunion mensuelle jeudi sur les armes chimiques de la Syrie avec la cheffe du désarmement, Mme Nakamitsu, critiquant le gouvernement syrien pour avoir refusé à plusieurs reprises de répondre aux questions sur son programme d’armes chimiques et exhortant le gouvernement Assad à le faire.

En juin dernier, le chef de l’organisme international de surveillance des armes chimiques, Fernando Arias, a déclaré que ses experts avaient enquêté sur 77 allégations contre la Syrie et avaient conclu que dans 17 cas, des armes chimiques étaient probablement ou certainement utilisées.

Mme Nakamitsu a terminé sa déclaration jeudi en disant : « L’utilisation d’armes chimiques est une grave violation du droit international et un affront à notre humanité commune. »

« Nous devons rester vigilants pour nous assurer que ces affreuses armes ne soient plus jamais utilisées et soient éliminées, non seulement en Syrie, mais partout », a-t-elle ajouté.

L’ambassadeur adjoint des États-Unis, Richard Mills, a déclaré que, malheureusement, la Syrie bénéficiait de l’aide de son allié russe, qui, selon lui, « a diffusé à plusieurs reprises de la désinformation concernant l’utilisation répétée d’armes chimiques par la Syrie ».

« Le récent réseau de fausses nouvelles que la Russie a lancé pour tenter de justifier la guerre préméditée et injustifiée qu’elle a entreprise contre l’Ukraine devrait montrer clairement, une fois pour toutes, qu’on ne peut pas non plus faire confiance à la Russie lorsqu’elle parle de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie », a déclaré M. Mills.

L’ambassadeur adjoint de Grande-Bretagne, James Kariuki, a déclaré au conseil que « les parallèles » entre l’action de la Russie en Ukraine — « assiéger des villes, tuer des civils sans discrimination, forçant des millions de personnes à fuir en quête de sécurité » — et ses actions en Syrie « sont clairs ».

« Malheureusement, la comparaison s’étend également aux armes chimiques, car nous voyons le spectre familier de la désinformation russe sur les armes chimiques lever la tête en Ukraine », a-t-il ajouté.