(Ottawa) L’OTAN a la responsabilité de veiller à ce que la guerre ne s’intensifie pas au-delà des frontières de l’Ukraine, car les conséquences seraient « encore plus dangereuses, destructrices et mortelles » pour ce pays « et pour nous tous », a déclaré son secrétaire général, Jens Stoltenberg, mercredi. Ce dernier a participé virtuellement à une conférence sur la défense à Ottawa.

« C’est une décision douloureuse prise par les alliés de l’OTAN, mais nous devons nous assurer que ce conflit se termine et nous devons éviter qu’il ne s’étende, ne dégénère », a affirmé le numéro un de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Jens Stoltenberg a défendu le refus de l’alliance défensive d’établir une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine. Une telle zone aurait pour effet d’envenimer le conflit.

« Ce que tout le monde doit comprendre, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de déclarer une zone d’exclusion aérienne, a-t-il expliqué. Il faut l’imposer, et la seule façon de l’imposer est d’attaquer massivement les systèmes de défense aérienne russes. Nous ne pouvons pas exploiter une zone d’exclusion aérienne en gardant tous les systèmes de défense aérienne intacts. »

Impossible donc de l’appliquer sans participer à la guerre. Cela impliquerait que les forces de l’OTAN « attaquent massivement » ces systèmes de défense aérienne que la défense russe a placés en Ukraine, en Biélorussie et sur son propre territoire.

La mise en place d’une zone d’exclusion aérienne signifierait également que l’OTAN serait prête à « affronter directement des avions russes ».

Cela aggraverait considérablement la guerre, les combats en Ukraine, mais aussi le risque d’une véritable guerre en Europe qui impliquerait les alliés de l’OTAN. L’OTAN contre la Russie.

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN

Un tel scénario contribuerait à davantage de souffrance, de pertes de vie et de destruction, en plus d’être « extrêmement dangereux », a mis en garde l’ex-premier ministre de la Norvège.

Article 5

En vertu de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord, texte fondateur de l’OTAN, les pays membres de l’OTAN « s’engagent à se protéger mutuellement » si l’un d’entre eux est attaqué en Europe ou en Amérique du Nord. Or, l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN, contrairement à d’autres pays d’Europe de l’Est.

Le secrétaire général de l’alliance défensive a rappelé que l’approche de l’OTAN était d’offrir du soutien à l’armée ukrainienne tout en évitant de « déclencher une escalade ». Elle renforce également son système de défense dans certains de ses pays membres voisins de l’Ukraine – Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne.

« Cela envoie un signal clair que nous allons protéger et défendre chaque centimètre de territoire allié », a déclaré M. Stoltenberg.

Trudeau poursuit son voyage en Europe

De passage à Riga, capitale lettonne, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé la veille qu’il prolongerait l’opération Reassurance des Forces armées canadiennes en Europe de l’Est. Celle-ci devait prendre fin l’an prochain. Le gouvernement avait déjà annoncé à la fin du mois de février qu’il fournirait 460 militaires de plus dans le cadre de cette opération. Ceux-ci se joindront aux 800 militaires déjà déployés en Europe pour appuyer la force dissuasive de l’OTAN.

« Le Canada joue un rôle de premier plan dans notre réponse, a souligné le secrétaire général. Pendant de nombreuses années, vous avez contribué au renforcement des forces armées et des institutions ukrainiennes, notamment en entraînant des dizaines de milliers de soldats ukrainiens, dont beaucoup sont aujourd’hui en première ligne. »

Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, avait réclamé l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de son pays qui a été rejetée par les membres de l’OTAN vendredi dernier. Lors d’un discours devant le Parlement britannique lundi, il a supplié les élus d’augmenter la pression des sanctions, de reconnaître la Russie comme un État terroriste et de faire en sorte que le ciel ukrainien soit sûr.

Quelques mois avant son invasion en Ukraine, le président de la Russie, Vladimir Poutine, avait exigé la fin du déploiement des troupes de l’OTAN en Europe de l’Est. Il réclamait également l’interdiction pour ce pays voisin de se joindre à l’alliance.

PHOTO TOMS NORDE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, en conférence de presse à la base militaire d’Adazi, au nord-est de Riga, en Lettonie, mardi

Avec l’Agence France-Presse

En savoir plus
  • 30
    Nombre de pays membres de l’OTAN aujourd’hui
    source : Organisation du traité de l’Atlantique Nord
    12
    Nombre de pays membres de l’OTAN lors de la signature du Traité de l’Atlantique Nord, le 4 avril 1949
    source : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord