(Vienne) Les États-Unis ont fait état mardi de progrès « modestes » dans les négociations sur le programme nucléaire iranien, mais se sont joints aux Européens pour insister sur « l’urgence » à conclure les discussions face aux avancées nucléaires de Téhéran.

« Nous avons remarqué ces derniers jours qu’il pourrait y avoir eu de modestes progrès lors des dernières discussions », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, au lendemain de la reprise des négociations à Vienne pour tenter de sauver l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien (dont l’acronyme en anglais est JCPOA).

« Mais il faut que les parties cherchent à s’appuyer sur ces progrès dans un esprit constructif et avec conviction », a-t-il ajouté, estimant qu’il était « trop tôt pour dire si ces progrès (avaient) une quelconque substance ».

Ces progrès sont quoi qu’il arrive « beaucoup trop lents » et « cela ne peut pas durer », a poursuivi le porte-parole. « Il sera bientôt trop tard pour revenir au respect mutuel du JCPOA ».

Les négociateurs des trois pays européens (France, Allemagne, Royaume-Uni) signataires de l’accord ont eux aussi souligné que cette négociation était « urgente ».

« Il est clair que nous approchons du point où l’escalade nucléaire iranienne aura vidé le JCPOA de sa substance », ont-ils relevé, en réitérant qu’il restait « des semaines et non des mois pour conclure un accord ».

Ils ont notamment insisté sur le niveau d’enrichissement d’uranium par l’Iran, qui se rapproche dangereusement du seuil nucléaire, même si Téhéran a déclaré samedi ne pas avoir l’intention d’enrichir au-delà de 60 % en cas d’échec des négociations à Vienne.

« Nous prenons note du commentaire du chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique selon lequel l’Iran n’enrichira pas au-delà de 60 % », ont-ils dit.

« Sans précédent »

« Il n’en demeure pas moins qu’enrichir à 60 % est sans précédent pour un État non doté de l’arme nucléaire », ont-ils ajouté.

« L’augmentation de ses stocks d’uranium à 60 % rapproche l’Iran de manière significative de l’obtention de la matière fissile pouvant être utilisée pour la fabrication d’une arme nucléaire », ont-ils martelé.

L’enjeu des pourparlers vise à faire revenir dans le pacte les États-Unis, qui l’ont quitté en 2018, et de ramener Téhéran au respect de ses engagements, rompus en réaction au rétablissement de sanctions américaines.

L’Iran a notamment annoncé en avril avoir commencé à produire de l’uranium enrichi à 60 %, soit bien au-delà du seuil de 3,67 % fixé par l’accord international, se rapprochant des 90 % nécessaires à la confection d’une bombe atomique même s’il dément avoir un tel projet.

Outre les trois pays européens, la Chine et la Russie sont aussi partie prenante à la négociation avec l’Iran. Les États-Unis y participent de manière indirecte.

Le coordinateur de l’Union européenne (UE) Enrique Mora, qui préside les pourparlers, a déclaré lundi que toutes les parties avaient montré « une claire volonté de travailler à la réussite de cette négociation », mais prédit des discussions encore « très difficiles » dans les « jours et les semaines à venir ».

Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, cité par l’agence de presse officielle IRNA, a estimé pour sa part mardi que les négociations étaient « en bonne voie ».

« Avec la bonne volonté et le sérieux des autres parties, nous pouvons espérer (atteindre) un accord dans un avenir proche », a-t-il dit.

Selon le représentant permanent de la Russie auprès des organisations internationales à Vienne, Mikhaïl Oulianov, le groupe de travail sur les questions nucléaires a eu « une réunion utile » mardi.

« Nous observons des progrès indéniables », a-t-il estimé sur Twitter. La levée des sanctions est aussi « activement discutée » de façon informelle, a-t-il ajouté.