(Toulon) L’ex-président de la République Nicolas Sarkozy a estimé samedi à Toulon que l’affaire du contrat des sous-marins perdu par la France au profit des États-Unis n’était « pas seulement une maladresse », comme l’a reconnu le président américain Joe Biden, mais « une forme de trahison ».

« On ne traite pas ses alliés, ses amis comme on a été traité. Ce n’est pas possible, ce n’est pas conforme à l’intérêt stratégique de nos deux nations », a réagi l’ancien chef de l’État interrogé par la presse sur cette affaire en marge d’une séance de dédicace de son dernier livre.  

« Il y a entre nous le prix du sang qui a été payé par des générations de jeunes qui se sont sacrifiés. Et c’était bien désolant de voir ce qui n’était rien d’autre qu’une forme de trahison », a dénoncé l’ancien président pour qui « maintenant sans doute, il faut tourner la page ». « Tourner la page, mais ne pas oublier », a-t-il ajouté.  

« Pour moi, ce n’était pas seulement une maladresse », a insisté M. Sarkozy en référence aux regrets exprimés vendredi à Rome par Joe Biden avant son entretien avec le président Emmanuel Macron.

« Ce que nous avons fait était maladroit et n’a pas été fait avec beaucoup d’élégance », a reconnu le président américain, en expliquant qu’il avait eu « l’impression que la France avait été informée depuis longtemps que le contrat ne se ferait pas ».

L’annonce le 15 septembre d’un partenariat stratégique entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, qui a entraîné l’annulation d’un mégacontrat de sous-marins français avec Canberra, a provoqué une crise diplomatique majeure entre la France et les États-Unis.

Concernant le Royaume-Uni, le président Sarkozy a déploré son éloignement de la France et de l’Europe.  

« J’ai toujours pensé que le Brexit était une grande erreur historique. Comment un certain nombre de nos amis anglais peuvent penser qu’ils seraient plus près de l’Australie, à 20 000 km de chez eux, que de la France et de l’Europe, à 30 km de chez eux ? », s’est interrogé l’ex-chef de l’État.  

« La génération qui nous a précédés a fait l’union de l’Europe. Je suis désolé de voir que cette union aujourd’hui c’est un divorce et, comme dans tout divorce, cela va de pire en pire. Et c’est bien ce qui se passe », a-t-il constaté.