(Cleveland) Un procès devant un tribunal fédéral s’ouvrira lundi après-midi à Cleveland, afin de déterminer si les chaînes de pharmacies de détail ont créé une nuisance publique dans la façon dont elles ont dispensé des analgésiques addictifs dans deux comtés de l’Ohio où la crise des opioïdes continue de faire rage.

L’un des avocats représentant les comtés de Lake et de Trumbull, à l’extérieur de Cleveland, a déclaré que le coût de la lutte contre la crise en cours dans chaque comté était de 1 milliard de dollars.

Ce sera la première fois que des sociétés pharmaceutiques, en l’occurrence CVS, Walgreens, Giant Eagle et Walmart, seront appelées à se défendre lors d’un procès. Ce procès, qui devrait durer environ six semaines, pourrait donner le ton à des réclamations similaires contre des chaînes de pharmacies de détail par des entités gouvernementales à travers les États-Unis.

Le juge de district américain Dan Polster présidera le procès. Près de 3000 actions en justice déposées devant les tribunaux fédéraux ont été consolidées sous la supervision de Polster.

Les avocats des plaignants affirment qu’environ 80 millions d’analgésiques sur ordonnance ont été délivrés dans le comté de Trumbull entre 2012 et 2016, 400 pour chaque résidant du comté, et que 61 millions de comprimés ont été délivrés dans le comté de Lake au cours de cette période, soit 265 comprimés pour chaque résidant.

Les avocats des chaînes de pharmacies CVS, Walgreens, Walmart et Giant Eagle affirment que les sociétés ne fabriquaient pas les médicaments et que leurs pharmacies remplissaient des ordonnances rédigées par des médecins pour des patients ayant un besoin médical légitime.

Rite-Aid a réglé avec les deux comtés pour un montant non divulgué en août.

Les avocats des pharmacies soutiennent également que les entreprises ont suivi les directives établies par la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis et l’État de l’Ohio concernant la manière dont leurs magasins ont été approvisionnés en analgésiques.

La chaîne CVS a déclaré dans un communiqué que des grossistes agréés, et non l’entreprise, distribuaient des analgésiques à ses pharmacies et qu’elle était une « leader dans la lutte contre l’abus d’opioïdes sur ordonnance ». La société a également rejeté la responsabilité de la crise.

« Depuis 2013, la DEA refuse de partager avec les pharmacies les noms des médecins dont elle juge les prescriptions d’opioïdes problématiques », indique le communiqué. « Plusieurs de ces médecins continuent d’être autorisés par la DEA à prescrire des opioïdes. »

Les avocats de Walgreens, basée dans l’Illinois, affirment que les comtés de Lake et de Trumbull utilisaient « des théories juridiques confuses et contradictoires contre d’autres accusés avant qu’ils n’aient eu l’idée de poursuivre les chaînes de pharmacies de détail ».

Giant Eagle, basée à Pittsburgh, a déclaré que la société non seulement se conformait « à toutes les lois et réglementations conçues pour empêcher le détournement, mais qu’elle aidait activement les forces de l’ordre dans leurs efforts pour empêcher le détournement ».

Les avocats de Walmart ont déclaré que leurs magasins ne dispensaient qu’un faible pourcentage des analgésiques prescrits à Lake et Trumbull et ont indiqué que les poursuites « ne distinguaient pas les prescriptions légitimes des prescriptions potentiellement illégitimes ».

Le procès sera le quatrième aux États-Unis cette année à tester les réclamations déposées par les gouvernements contre une partie de l’industrie pharmaceutique concernant les analgésiques sur ordonnance. Les verdicts ou jugements n’ont pas été rendus dans les autres dossiers jusqu’à présent.