(New York) La vaste campagne de vaccination contre la COVID-19 a débuté lundi aux États-Unis, une infirmière new-yorkaise devenant la première à recevoir le remède dans le pays le plus endeuillé au monde, qui vient de franchir le seuil dramatique de 300 000 personnes décédées de la maladie.

De l’autre côté de l’Atlantique, la France se préparait à sortir mardi d’un deuxième confinement d’un mois et demi, qui laissera la place à un couvre-feu, sauf pour le réveillon de Noël. La levée des restrictions ne concernera toutefois pas théâtres, salles de spectacle, cinémas, musées, ou encore tribunes de stade, qui resteront fermés.

« Premier vaccin administré. Félicitations aux États-Unis, félicitations au MONDE ! », a tweeté le président Donald Trump dans les minutes suivant la première injection, survenue six jours après les premières vaccinations au Royaume-Uni, premier pays à avoir autorisé l’antidote des laboratoires Pfizer/BioNTech.

Après s’être fait piquer devant les caméras dans un grand hôpital new-yorkais, Sandra Lindsay, infirmière en soins intensifs, a affirmé en souriant « se sentir très bien ».  

L’arrivée du vaccin « signifie espoir, guérison, le retour de la santé publique », a déclaré cette femme noire, « fière de promouvoir la confiance en un vaccin » que 39 % des Américains disaient ne pas vouloir prendre début décembre, avec une méfiance particulière dans les minorités noire et hispanique.

D’autres soignants, en Pennsylvanie, dans l’Iowa ou encore en Californie, ont été vaccinés à travers le pays. Souhaitant donner l’exemple, le chef du Pentagone Christopher Miller, a lui aussi reçu une injection, devant les caméras.  

Marquant d’un ton grave le « sombre cap » des 300 000 Américains morts de la maladie dans un discours lundi soir, le président élu Joe Biden a estimé qu’« un travail urgent » l’attendait à sa prise de fonctions le 20 janvier : « Prendre le contrôle de cette pandémie et vacciner la nation contre ce virus ».  

Le nombre de 300 000 équivaut à la population de la ville de Cincinnati, dans l’Ohio. Et l’épidémie, loin de se ralentir, explose dans le pays : plus de 200 000 cas en 24 heures y ont de nouveau été enregistrés lundi.  

« Le tunnel est long »

La campagne de vaccination américaine, la plus vaste de son histoire, vise en priorité les soignants les plus exposés et les maisons de retraite.  

Près de trois millions de doses doivent être distribuées d’ici mercredi, avec l’objectif de vacciner quelque 20 millions d’Américains avant fin décembre et 100 millions avant fin mars.

Mais face à cet espoir, les autorités craignent que les Américains ne baissent la garde.

« C’est la lumière au bout du tunnel, mais le tunnel est long », a averti le gouverneur de New York Andrew Cuomo, qui a répété qu’il pourrait avoir à confiner à nouveau New York en cas de menace de saturation des hôpitaux.

Le très respecté immunologiste Anthony Fauci a prévenu qu’il fallait s’attendre à devoir porter un masque et respecter la distanciation pendant des mois encore.  

Si « on convainc les gens de se faire vacciner et qu’on arrive (à une immunité collective) à la fin du printemps, début de l’été, alors d’ici l’automne on pourra approcher un certain degré de soulagement […] et une certaine forme de normalité, », a-t-il déclaré sur la chaîne MSNBC.

Le Canada a été l’autre grand pays à lancer la vaccination lundi avec l’antidote Pfizer/BioNTech, tandis qu’Abou Dabi démarrait les injections avec le vaccin du géant chinois du médicament Sinopharm.

Pression sur l’UE

La pandémie se propage à nouveau comme une trainée de poudre en Europe, où l’Agence européenne du médicament doit rendre un avis sur l’autorisation du vaccin Pfizer/BioNTech d’ici fin décembre.

L’Allemagne fait pression sur les autorités de l’UE pour qu’elles accélèrent le processus, selon un média allemand.

Comme aux États-Unis, les autorités redoutent une nouvelle poussée à la faveur des fêtes de Noël et plusieurs pays ont annoncé de nouvelles mesures de confinement, Allemagne et Pays-Bas en tête.

En Angleterre, pionnière dans le lancement des vaccinations, Londres et certaines régions du sud-est s’apprêtaient lundi à passer au troisième niveau d’alerte, avec fermeture des hôtels, pubs et restaurants, en raison d’une augmentation « exponentielle » des cas de COVID-19.  

La nouvelle flambée pourrait être liée à une mutation du virus, selon les autorités. Elles ont cependant estimé « hautement improbable » que cette nouvelle variante ne réponde pas au vaccin.

La pandémie a fait au moins 1,6 million de morts dans le monde à ce jour, avec 72 millions de cas diagnostiqués, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles.  

Derrière les États-Unis, viennent le Brésil avec plus de 181 000  morts, l’Inde (143 000), le Mexique (113 900) et l’Italie (64 500).