(Genève) La Croix-Rouge a demandé mercredi que les futurs vaccins contre le coronavirus à l’origine de la pandémie ne soient pas uniquement utilisés dans les pays où ils auront été découverts, un appel secondé par l’ONU.

« Nous devons lutter contre ce que l’on appelle aujourd’hui le nationalisme vaccinal », a déclaré Emanuele Capobianco, directeur de la Santé à la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge (FIRC).

Dans un entretien à l’AFP, il a averti que sans engagement international clair en faveur d’une solidarité mondiale, certains pays pourraient être dans l’incapacité de répondre aux besoins de leurs populations en termes de vaccins au cours de ces « prochains mois ».

La pandémie de COVID-19 a fait près de 380 500 morts depuis que le virus est apparu fin décembre en Chine, et la course aux vaccins et traitements mobilise de grandes firmes pharmaceutiques.

En attendant que les laboratoires y parviennent, il est important, selon M. Capobianco, que les pays investissent dans les futures capacités de production et de distribution de ces vaccins pour tous.

« C’est le moment de donner la priorité à cela », a-t-il déclaré. « Nous devons nous assurer que cet esprit de solidarité mondiale et que le principe établissant que les vaccins sont un bien public soit au centre même de l’agenda politique de la COVID-19 ».  

Dans un appel conjoint, la Croix-Rouge et l’ONU ont appelé mercredi la communauté mondiale à garantir un accès équitable au vaccin une fois qu’il aura été trouvé, soulignant que « personne ne doit être laissé pour compte », a-t-il déclaré.  

« Un contrat social mondial pour un vaccin du peuple contre la COVID-19 est un impératif moral qui nous rassemble tous dans notre humanité commune », ont écrit les deux organisations.

Les pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont adopté le mois dernier une résolution sur le nouveau coronavirus soulignant le « rôle d’une vaccination à grande échelle, en tant que bien public mondial ».

Mais l’idée d’un vaccin pour tous se heurte à une certaine réticence des laboratoires pharmaceutiques et de Washington, qui s’oppose à toute remise en cause des droits internationaux en matière de propriété intellectuelle.

M. Capobianco reconnaît qu’il existe encore des divergences entre les parties, mais juge qu’il serait dans l’intérêt de tous de veiller à ce que chacun soit protégé, car la maladie « est clairement discriminatoire ».

Dans de nombreux pays, elle a eu un impact disproportionné sur les minorités et autres groupes défavorisés, a-t-il fait valoir.

« C’est quelque chose qui nous préoccupe énormément », a déclaré M. Capobianco.

Il a également mis en garde contre ceux qui pensent que la pandémie allait simplement s’essouffler, soulignant que tant qu’il n’y aurait pas un vaccin et un traitement, le danger reste omniprésent.  

« Ce virus est là, ce virus a le potentiel d’infecter des millions de personnes et de tuer des centaines de milliers d’autres », a-t-il déclaré. « Nous sommes encore en plein dedans. Nous ne pouvons pas baisser la garde. »