Les électeurs noirs ont porté Barack Obama, comme ils portent le Parti démocrate depuis des décennies. Ce sont eux qui forment la base électorale de cette formation politique, et non les Blancs de la classe ouvrière qui votent de plus en plus pour les républicains. Dans l'Indiana et la Caroline du Nord, plus de neuf Noirs sur dix ont voté pour le sénateur de l'Illinois, qui leur doit d'avoir stoppé net l'élan de Hillary Clinton.

Le facteur racial a joué dans les deux sens. Hillary Clinton a remporté de fortes majorités chez les électeurs blancs en Pennsylvanie, en Caroline du Nord et dans l'Indiana. Certains de ses électeurs ne se sont pas gênés pour afficher leur intolérance ou leur ignorance. Une électrice de l'Indiana a confié au Daily News de New York : «Je vais être honnête avec vous. Barack me donne la trouille. Il a prêté serment sur le Coran.» Lundi, dans un restaurant de la Caroline du Nord, un homme a refusé de serrer la main de Barack Obama. Ensuite, il a dit aux journalistes : «Je ne peux pas le pifer. C'est un musulman. Il n'est même pas pro-américain, en ce qui me concerne.»

Et le facteur racial continuera à jouer à l'occasion de l'élection générale. On peut imaginer avec quelle ferveur les Noirs iront voter en novembre si Barack Obama est le candidat démocrate. Ce sera une ferveur à laquelle se mêlera une peur, celle de voir leur candidat mourir. «Ils vont le tuer», m'a dit hier une électrice noire d'Indianapolis, reprenant un refrain que j'ai entendu dans plusieurs quartiers noirs, de Columbia (Caroline du Sud) à New York (New York) en passant par Philadelphie (Pennsylvanie).

Le défi de Barack Obama sera évidemment de créer une nouvelle coalition démocrate. Est-ce possible?