Comme on peut voir dans la vidéo ci-dessus, Sarah Palin a accusé hier Barack Obama d'être «quelqu'un qui voit l'Amérique semble-t-il comme tellement imparfaite qu'il copine avec des terroristes qui prendraient pour cible leur propre pays». Et d'ajouter : «Cet homme ne voit pas l'Amérique comme nous la voyons.»

La gouverneure d'Alaska a formulé cette attaque après la publication dans le New York Times d'un article sur les liens entre Barack Obama et Bill Ayers, un ancien militant contre la guerre du Vietnam qui avait lancé une campagne d'attentats aux États-Unis. Le reportage explique que la route d'Ayers, devenu professeur à l'université d'Illinois à Chicago, a croisé celle de Barack Obama dans les années 1990.

Dans une analyse d'une rare sévérité pour l'agence de presse la plus neutre au pays, l'Associated Press accuse la colistière de John McCain d'avoir lancé une accusation «incendiaire» qui est non seulement infondée mais également teintée de racisme. Je cite deux extraits de cette analyse traduits par yvonthivierge, un de nos collaborateurs :

En s'attaquant à son caractère, Palin soulève des doutes sur l'association qu'Obama a entretenue avec William Ayers, membre du groupe Weather Underground à l'époque de la guerre du Vietnam. Sa référence est au mieux exagérée sinon carrément fausse. Aucun fait ne prouve qu'ils ont été «copains» ou même proches lorsqu'ils ont siégé au sein des mêmes conseils d'administration il y a des années ou lorsque Ayers a organisé un événement politique pour Obama plus tôt dans sa carrière.

(...)

Les propos de Palin, dépourvus de racisme, ne répulseront pas. Mais leur sous-texte ne créera-t-il pas la fausse image d'un candidat noir à la présidence qui «s'acoquine» à des terroristes tout en assurant les électeurs majoritairement blancs qu'il ne voit pas l'Amérique comme eux?

Après les attentats du 11 septembre, l'Amérique perçoit les terroristes comme des musulmans radicaux à la peau foncée, pas des anarchistes nés aux É.-U. comme Ayers il y a 40 ans. Obama étant relativement inconnu lorsqu'il a lancé sa campagne, l'internet bourdonnait de courriels diffamatoires liant à un islam radical un candidat né à l'étranger.