Je traduis le premier paragraphe d'un texte publié aujourd'hui dans le Washington Post et signé par Michael Scheuer, ex-chef de l'unité Ben Laden au sein de la CIA :

Dans un anglais d'une qualité étonnante, le détenu répond doucement : «Oui, grâce à Dieu, je sais quand les moudjahidin vont faire détonner, avec la permission de Dieu, une bombe nucléaire aux États-Unis, et je sais aussi combien et dans quelles villes.» Étonnés, les interrogateurs de la CIA réclament rapidement plus de détails. Esquissant le sourire timide qui le caractérise, le détenu ne dit rien. Rapportant les résultats de l'interrogatoire à la Maison-Blanche, le directeur de la CIA ne peut que hausser les épaules lorsque le président lui demande : «Que pouvons-nous faire pour forcer Oussama ben Laden à parler?»

Ce scénario fictif sert d'amorce à une charge en règle de Scheuer contre Barack Obama et ses décisions d'interdire à la CIA le recours à la torture et de mettre un terme au programme de rendition, l'euphémisme utilisé pour désigner le transfert par l'agence de renseignement de suspects dans des pays tiers pour des interrogatoires. Selon l'ancien agent de la CIA, le nouveau président américain, aveuglé par «son pharisaïsme et son arrogance intellectuelle», a mis en péril la sécurité de son pays en le privant de méthodes qui ont permis de déjouer des complots terroristes.

Je vous laisse juger de la pertinence des arguments de Scheuer, tout en rappelant que plusieurs sources crédibles, le directeur du FBI, Robert Muller, en poste depuis août 2001, ont nié l'assertion voulant que les méthodes d'interrogatoire «accrues» de la CIA aient permis aux États-Unis de déjouer des complots terroristes après les attentats du 11 septembre 2001.

P.S. : Selon cette version, Obama n'a pas mis un terme au programme de rendition de la CIA.