À Boston, la direction du Boston Globe a convoqué hier les représentants du principal syndicat du quotidien afin de leur donner des précisions sur sa décision de réduire de 23% les salaires de leurs quelque 700 membres. La rencontre, qui suivait le refus du syndicat d'accepter le plan d'économies de la direction, s'est transformée en séance de négociations. Celles-ci reprendront cet après-midi. La réduction des salaires des membres de la Boston Newspaper Guild devait permettre au Globe d'économiser les 10 millions de dollars nécessaires pour atteindre son objectif de réduction des coûts de 20 millions. Le quotidien, qui est détenu par le groupe New York Times, est menacé de fermeture s'il n'atteint pas cet objectif.

À Montréal, le même jour, la direction de La Presse a convoqué ses employés pour leur annoncer que le quotidien ne publiera plus le dimanche. Elle leur a également demandé de revoir leurs conditions de travail à la baisse. Ces concessions devront permettre des économies annuelles de 13 millions. Comment La Presse en est-elle arrivée là? Le président et éditeur du journal, Guy Crevier, a répondu à cette question lors de sa présentation, comme on peut le lire dans le compte rendu d'Agnès Gruda :

Selon Guy Crevier, trois facteurs contribuent à la mauvaise situation financière de La Presse : la récession, le déficit du régime de retraite qui atteint 113 millions, et l'exode des annonceurs qui quittent la presse imprimée au profit de l'internet.

«La récession a été subite et brutale, la moitié des journaux américains sont aujourd'hui déficitaires», a-t-il dit. Il a rappelé que les pertes de revenus publicitaires touchent tous les journaux en Amérique du Nord, et que la publicité qui déserte l'imprimé ne se retrouve pas automatiquement sur les sites web des organes de presse.

Par exemple, aux États-Unis, les journaux ont perdu 14 milliards de revenus publicitaires entre 2000 et 2008. Leurs sites internet, eux, vendent pour 3 milliards de publicités. «Onze milliards se sont évaporés», a déploré Guy Crevier.

De Boston à Montréal, les employés de deux grands quotidiens n'ont donc pas le moral aujourd'hui, vivant les conséquences de ce que la ministre québécoise de la Culture et des Communications, Christine Saint-Pierre, a qualifié aujourd'hui de tsunami. La disparition de l'édition dominicale de La Presse me touche de façon particulière, mon entrée au quotidien de la rue Saint-Jacques ayant coïncidé avec sa mise au monde.

De Boston à Montréal, les employés de deux grands quotidiens devront bien sûr relever la tête, s'adapter à une nouvelle réalité et continuer à servir leurs lecteurs...