Les assureurs privés ont déjà gagné. C'est le verdict qu'ont rendu plusieurs observateurs du débat sur la réforme du système de santé, dont l'hebdomadaire Business Week, avant même que ne soit connu le texte de loi final qui sera soumis au Congrès. Cette conclusion découle du refus de quelques parlementaires démocrates - au Sénat et à la Chambre des représentants - d'appuyer l'idée d'une assurance-maladie publique qui coexisterait avec les assureurs privés.

Un tel système est-il essentiel à une réforme digne de ce nom? Oui, répond Wendell Potter, qui a occupé des postes importants chez Humana et Cigna, des assureurs privés, et qui a changé son fusil d'épaule après avoir vu des Américains être traités par des médecins dans des enclos réservés à des animaux. Je cite un extrait dans le texte de l'article que lui consacre aujourd'hui le chroniqueur du New York Times Nicholas Kristof :

Then in 2007 Mr. Potter attended a premiere of "Sicko," Michael Moore's excoriating film about the American health care system. Mr. Potter was taking notes so that he could prepare a propaganda counterblast - but he found himself agreeing with a great deal of the film.

A month later, Mr. Potter was back home in Tennessee, visiting his parents, and dropped in on a three-day charity program at a county fairgrounds to provide medical care for patients who could not afford doctors. Long lines of people were waiting in the rain, and patients were being examined and treated in public in stalls intended for livestock.

"It was a life-changing event to witness that," he remembered. Increasingly, he found himself despising himself for helping block health reforms. "It sounds hokey, but I would look in the mirror and think, how did I get into this?"