Le chroniqueur conservateur du New York Times David Brooks tente aujourd'hui de répondre à cette question dans cet article, comparant Haïti, où l'on retrouve le plus grand nombre d'ONG per capita selon certaines estimations, à des pays pauvres qui ont progressé, dont la Chine, qui a reçu peu d'aide internationale, la Barbade, qui a connu l'esclavage, l'oppression et le colonialisme, et la République dominicaine, qui a fait face à des dictateurs impitoyables, à de la corruption et à des invasions étrangères. S'appuyant sur The Central Liberal Truth, un ouvrage écrit par Lawrence Harrison, Brooks soutient que la culture haïtienne contribue elle-même à la pauvreté qui a décuplé l'impact du séisme de mardi. Je traduis deux extraits de sa chronique qui vaudra sans doute plusieurs lettres au Times :

«Il y a l'influence de la religion vaudou, qui propage le message selon lequel la vie est capricieuse et la planification futile. Il y a un niveau élevé de méfiance sociale. La responsabilité n'est souvent pas une valeur intériorisée. L'éducation des enfants est souvent marquée par la négligence dans les premières années et par des corrections sévères à partir de la neuvième ou dixième année.

«Nous sommes tous censés respecter poliment la culture des autres. Mais certaines cultures résistent davantage que d'autres au progrès...

«Le défunt politologue Samuel P. Huntington avait l'habitude de dire que le changement culturel est difficile, mais que les cultures changent après des expériences traumatisantes. Ce séisme est certainement traumatisant. Reste à savoir si la communauté internationale continuera avec la même approche.»

(Photo Reuters)