Jon Huntsman ne pouvait choisir un décor plus patriotique pour entrer officiellement dans la course à la Maison-Blanche : derrière lui, la Statue de la Liberté brandissait sa torche; de part et d'autre de la tribune, deux drapeaux américains battaient au vent. En 1980, Ronald Reagan avait choisi le même cadre pour lancer sa campagne présidentielle.

Reste à voir si le discours de l'ex-ambassadeur des États-Unis en Chine, qui s'est décrit comme «un gouverneur, un homme d'affaires et un diplomate», était à la hauteur du décor et de l'occasion. On trouve ici la vidéo de cette allocution dont je traduis un extrait :

«Pour la première fois de l'histoire, nous léguons à la prochaine génération un pays qui est moins puissant, moins compatissant, moins compétitif et moins confiant que celui dont nous avons hérité. Ceci, mesdames et messieurs, est totalement inacceptable et totalement anti-américain. Cela ne doit pas être, et ne sera pas, notre condition permanente. Nous ne serons pas la première génération américaine à laisser tomber la suivante.»

Huntsman, 51 ans, n'a formulé aucune critique directe à l'endroit de Barack Obama, ce que pourraient lui reprocher les commentateurs et militants conservateurs. Tout au plus l'ancien gouverneur de l'Utah a-t-il lancé une flèche indirecte à son ancien patron en affirmant que les Américains «ont besoin plus que de l'espoir». Je cite sa seule allusion directe à Obama :

«Et je respecte le président. Lui et mon avons une différence d'opinion sur la façon d'aider le pays que nous aimons tous les deux. Mais la question à laquelle nous voulons tous les deux que les électeurs répondent est qui sera le meilleur président et non pas qui sera le meilleur Américain.»

Considéré comme un modéré - il s'est notamment prononcé en faveur des unions civiles pour les couples homosexuels -, Jon Huntsman a une pente abrupte à monter : dans la plupart des sondages menés auprès des électeurs républicains, il récolte moins de 3% d'appuis.

Les stratèges de la Maison-Blanche et bon nombre de journalistes ne le considèrent pas moins comme un des candidats républicains les mieux placés pour vaincre Barack Obama. Cela dit, l'image que je retiens du portrait que lui consacre le New York Times Magazine est celui d'un dilettante qui croit pouvoir combler un vide au sein du Parti républicain.

Père de sept enfants, dont deux ont été adoptées (l'une en Inde, l'autre en Chine), Huntsman est le fils de Jon Huntsman, fondateur milliardaire du groupe chimique Huntsman Corp., pour lequel il a déjà travaillé.

Fait inusité : la campagne de Huntsman a mal épelé son prénom sur les accréditations des journalistes qui ont couvert le lancement de sa campagne. C'est Jon, son prénom, les amis, pas John...