L'un des principaux arguments de Newt Gingrich en faveur de sa désignation comme candidat républicain pour l'élection présidentielle de 2012 est sa soi-disant supériorité comme débatteur. «Mon travail en Floride est de convaincre les gens que je suis le candidat qui peut clairement battre Obama dans une série de débats et celui qui a des solutions assez conséquentes pour remettre l'Amérique sur le droit chemin», a déclaré l'ancien président de la Chambre des représentants au lendemain de sa victoire écrasante en Caroline-du-Sud.

Or, dans un débat crucial à Jacksonville hier soir, il a échoué dans sa mission, donnant l'impression de se dégonfler face à un Mitt Romney agressif qui a retourné contre lui ses attaques sur l'immigration et ses finances personnelles. L'ancien gouverneur du Massachusetts a également réussi à se moquer des idées grandioses de Gingrich, dont celle d'établir une base permanente sur la Lune :

«J'ai passé 25 ans dans le monde des affaires. Si un cadre m'avait approché et m'avait dit qu'il voulait dépenser quelques centaines de milliards de dollars pour bâtir une colonie sur la Lune, j'aurais dit : ''You're fired''.»

Romney a également surpris Gingrich après que ce dernier lui eut reproché d'avoir des investissements dans Freddie Mac, Fannie Mae et Goldman Sachs, qui ont tous joué un rôle dans la crise immobilière :

«Je sais que cela semble une énorme révélation mais avez-vous vérifié vos investissements? Vous avez aussi des investissements dans des fonds mutuels qui ont aussi investi dans Fannie Mae et Freddie Mac.»

Ce débat coûtera peut-être à Gingrich la Floride et l'investiture républicaine. Cela dit, cette course a déjà réservé bien des surprises...

Romney est cependant loin d'avoir fait un parcours sans faute lors de ce débat. Rick Santorum l'a notamment placé sur la défensive en l'attaquant sur sa réforme du système de santé au Massachusetts. «Cela ne vaut pas la peine de se mettre en colère», a dit Romney après que l'ancien sénateur de Pennsylvanie eut haussé le ton pour dénoncer l'obligation faite aux citoyens de souscrire à une assurance-maladie.

Cette disposition commune aux réformes de Romney et de Barack Obama est précisément la raison pourquoi plusieurs républicains sont en colère.

Et Romney a menti ou tordu la vérité à quelques reprises. Il a affirmé n'avoir jamais voté pour un démocrate lorsque le nom d'un républicain figurait également sur le bulletin de vote. En 1992, à l'époque où il était indépendant, il a pourtant voté pour Paul Tsongas dans la primaire démocrate du Massachusetts plutôt que de voter pour George Bush père ou Pat Buchanan dans la primaire républicaine.

Il a en outre déclaré ne pas savoir ce qui se trouvait dans une pub qu'il a lui-même approuvée. Cette pub accuse Gingrich d'avoir qualifié l'espagnol de «langue du ghetto». Et il n'a pas assumé la responsabilité de ses investissements dans Fannie Mae et Freddie Mac, entre autres, disant les avoir confiés à une fiducie sans droit de regard.

De son côté, Ron Paul a fait preuve de courage en dénonçant, en Floride, l'embargo contre Cuba. Il n'a cependant pas eu l'occasion de répondre à la question d'un Américain d'origine palestinienne qui a insisté pour dire que les Palestiniens ne sont pas un peuple «inventé». Ses rivaux ont profité de cette question pour se livrer à une surenchère pro-Israël.

La primaire de Floride doit se tenir le 31 janvier.