Le camp de Mitt Romney a d'abord demandé aux journalistes d'attendre à minuit avant de rendre publique sa déclaration condamnant non seulement les attaques contre les missions diplomatiques américaines en Égypte et en Libye mais également l'administration Obama, accusée par le candidat républicain d'avoir réagi de façon «honteuse» à ces attaques en «sympathisant» avec les protestataires.

Il faut comprendre que l'ancien gouverneur du Massachusetts ne voulait pas donner l'impression de critiquer le président un 11 septembre. Mais son camp a rapidement changé d'idée, donnant aux journalistes la permission de faire état avant minuit de son accusation incendiaire à l'encontre de l'administration Obama. Accusation qui reposait sur un communiqué de l'ambassade américaine au Caire et des messages publiés sur Twitter par celle-ci avant que les protestataires aient réussi à escalader les murs de son enceinte.

Dans ce communiqué, l'ambassade condamnait notamment «les efforts persistants d'individus malavisés qui heurtent les sentiments religieux des musulmans». Elle faisait vraisemblablement référence aux responsables du film anti-mulsulman à ses promoteurs, dont le pasteur Terry Jones.

Ce matin, en apprenant la mort de quatre Américains à Benghazi, dont l'ambassadeur des États-Unis en Libye, Mitt Romney aurait pu changer de ton et retirer son accusation selon laquelle l'administration a «sympathisé» avec les attaquants égyptiens et libyens. Or, s'exprimant lors d'une conférence de presse en Floride, il en a remis en disant que l'ambassade américaine s'était «excusée pour nos valeurs» et que le président Obama était responsable des messages que celle-ci a diffusés hier alors qu'elle faisait face à un assaut en règle. «La Maison-Blanche a envoyé des messages confus», a-t-il dit.

Il faut croire que les critiques de Mitt Romney sont en train de se retourner contre lui. De toute évidence, le candidat républicain a vu dans les situations du Caire et de Benghazi une occasion de marquer des points contre le président sur une question où il jouit d'un avantage.

Mais plusieurs spécialistes républicains de la politique étrangère estiment que Mitt Romney a raté un test important en donnant l'impression d'être plus empressé à obtenir un avantage politique qu'à aider son pays aux prises avec une situation difficile, voire explosive. C'est un «désastre total», a confié un de ces républicains au journaliste de BuzzFeed Ben Smith, qui cite d'autres républicains partageant le même avis dans cet article.

Un des interlocuteurs de Smith fait d'ailleurs un parallèle entre la réaction de Mitt Romney aux attaques au Caire et à Benghazi à celle de John McCain à la faillite de Lehman Brothers. Dans les deux cas, les candidats républicains auraient démontré qu'ils n'étaient pas aptes à occuper la présidence.

Le journaliste de l'hebdomadaire Time, Mark Halperin, estime de son côté que la déclaration de Mitt Romney sera probablement perçue comme «une des décisions tactiques les plus basses et malavisées de sa campagne».