La réaction outrée de la Russie et de la Syrie au rapport des inspecteurs de l'ONU sur l'attaque chimique du 21 août en banlieue de Damas me fait penser à cette blague de l'humoriste Stephen Colbert : «La réalité a un parti pris libéral bien connu». Suffit aujourd'hui de remplacer le mot «libéral» par «américain» ou «occidental» pour rire (ou pleurer).

Le rapport de l'ONU ne contient que des faits et n'accuse personne. Mais l'analyse de la trajectoire des roquettes qui ont dispersé le gaz sarin conduit au constat suivant : l'attaque a été lancée depuis le mont Quassioun, qui surplombe la capitale syrienne.

Cette zone, qui abrite l'une des trois résidences de Bachar al-Assad, est souvent utilisée par les troupes syriennes pour bombarder Damas. La puissante garde républicaine, qui est dirigée par le frère cadet du président, y a aussi des installations.

À la lecture des documents présentés en annexe du rapport de l'ONU, des organisations de défense des droits humains et de lutte contre la prolifération des armes chimiques sont arrivées à la même conclusion que les gouvernements américain, français et britannique : le régime syrien est coupable du massacre du 21 août.

Mais la réalité est «politisée et partiale», comme nous le rappellent les gouvernements russe et syrien.