Le New York Times accorde aujourd'hui l'espace le plus important de sa Une à un article sur le nouveau numéro de Charlie Hebdo, dont la couverture dépeint le prophète Mahomet et «fait craindre de nouvelles violences», précise le journal.

Le Times souligne plus loin la contradiction présumée entre la défense formulée par les dirigeants français du droit du magazine de publier une caricature jugée offensante par plusieurs musulmans et l'enquête pour apologie du terrorisme ouverte contre Dieudonné, qui a écrit sur sa page Facebook «Je suis Charlie Coulibaly», le djihadiste qui a tué quatre personnes dans un supermarché juif (le polémiste a depuis été arrêté).

Le constitutionnaliste américain Jonathan Turley évoque cette contradiction dans un billet sur l'arrestation de Dieudonné et de plusieurs autres Français ces jours-ci pour apologie du terrorisme :

«Les mesures de répression en France démontrent que le coeur de la bataille n'est pas la liberté d'expression en dépit du rassemblement de Paris. L'Occident semble avoir perdu la foi en la liberté d'expression, qui est désormais l'objet de poursuite plutôt que de protection. Bien sûr, les poursuites ne parviendront pas à changer les esprits et n'auront comme résultat que de faire paraître l'Occident hypocrite et arbitraire. (...) Le gouvernement français est également en train de renforcer ses pouvoirs en matière de surveillance et de perquisitions. Pour résumer, donc, le gouvernement français s'est uni à des millions de personnes au nom de la liberté ce weekend et a ensuite utilisé ces attaques pour violer davantage la liberté d'expression et les droits à la vie privée.»

À souligner : tout en traitant abondemment de Charlie Hebdo, le Times n'a pas publié d'image de la couverture du nouveau numéro du magazine, une erreur selon Kathleen Sullivan, médiatrice du journal. Celle-ci se demande pourquoi les lecteurs du Times doivent consulter un autre média pour voir cette couverture dont toute la planète parle.