Avant un possible «Grexit», il y aura eu un «Varoufexit», la démission surprise du ministre des Finances Yanis Varoufakis, qui avait promis de quitter son poste en cas de victoire du... «oui»!

Dans un court article publié sur son blogue, le controversé Varoufakis a mis son départ sur le compte «d'une certaine préférence de plusieurs membres de l'Eurogroupe et de "partenaires" associés (...) pour mon "absence" des réunions; une idée que le premier ministre [Alexis Tsipras] a jugé potentiellement utile à l'obtention d'un accord.»

Autrement dit, les créanciers de la Grèce auraient obtenu la tête de leur bête noire.

Or, il y a une autre explication à ce départ, selon le politologue Elias Niko Nikolakopoulos, cité dans le quotidien Le Monde. Le premier ministre Tsipras était furieux hier soir quand son ministre des Finances a pris la parole avant lui, au mépris de l'usage politique grec, après la victoire retentissante du «non» lors du référendum grec. Je cite Nikolakopoulos :

«Il a parlé sur un ton donneur de leçon et triomphaliste alors que le premier ministre attendait patiemment son tour pour lancer un message mesuré et d'appel à l'union nationale. Ça ne se fait pas! Pour autant, outre cela, Alexis Tsipras savait en effet qu'il ne pouvait pas retourner à Bruxelles avec Varoufakis, détesté par tous les partenaires. Simplement, il lui était difficile de s'en défaire, car l'économiste est très populaire en Grèce. Ce manquement à l'étiquette a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.»

Reste à voir si le «Varoufexit» permettra à Tsipras d'éviter le «Grexit». En espérant, le chronique du New York Times et prix Nobel de l'économie Paul Krugman félicite les Grecs d'avoir stoppé l'hémorragie inutile que leur infligeaient selon lui les «technocrates» européens.