Bien sûr, le New York Post n'aurait pas fait la fine bouche si Sean Penn, l'une de ses têtes de turc préférées, lui avait proposé une interview exclusive avec Joaquin «El Chapo» Guzman, l'homme le plus recherché d'Amérique. Mais le tabloïd n'a pas tort de se moquer de l'acteur hollywoodien, qui a accordé au narcotrafiquant mexicain un droit de regard sur la version finale de cette interview publiée hier soir sur le site du magazine Rolling Stone.

Cette condition explique sans doute pourquoi Penn ne mentionne pas dans son article que les autorités mexicaines et américaines attribuent à Guzman la responsabilité de l'assassinat de dizaines de milliers de rivaux, informateurs, policiers, juristes et politiciens. «Tout ce que je fais, c'est me défendre», dit le chef du cartel de Sinaloa à Penn tout en admettant avoir «fourni plus d'héroïne, de méthamphétamines, de cocaïne et de marijuana que n'importe qui dans le monde».

Penn n'est évidemment pas le seul à être critiqué pour avoir consenti au criminel le droit de corriger son article. Le Rolling Stone s'est également exposé à la critique en se pliant à une telle demande et en laissant passer plusieurs passages bizarres, dont celui-ci, que je vite dans le texte :

Espinoza is the owl who flies among falcons. Whether he's standing in the midst of a slum, a jungle or a battlefield, his idiosyncratic elegance, mischievous smile and self-effacing charm have a way of defusing threat. His bald head demands your attention to his twinkling eyes. He's a man fascinated and engaged. We whisper to each other in code. Finally a respite from the cyber technology that's been sizzling my brain and soul. We sit within quietude of fortified walls that are old New York hotel construction, when walls were walls, and telephones were usable without a Ph.D.

Quoi qu'il en soit, l'interview de Penn est une bonne chose au final, car elle a peut-être permis aux autorités mexicaines de retrouver la trace. Vendredi, la procureure générale mexicaine Arely Gomez a déclaré que Guzman avait été en contact avec des acteurs et des producteurs dans l'optique de réaliser un « biopic » sur sa vie, ajoutant que ces échanges avaient permis de le localiser.

Penn était accompagné de l'actrice mexicaine Kate del Castillo au moment de sa rencontre avec El Chapo.