À deux reprises lors d'un débat démocrate tenu hier soir à Miami, Bernie Sanders a refusé de rétracter les propos élogieux qu'il a prononcés en 1985 au sujet du dictateur cubain Fidel Castro («un gars impressionnant»)

et le régime sandiniste au Nicaragua.

Le sénateur du Vermont a d'abord dû réagir à une partie du clip qui coiffe ce billet et dans lequel il s'adresse à un étudiant. Je cite uniquement les propos de Sanders diffusés par la chaîne hispanique Univision, qui présentait le débat en concert avec CNN et le Washington Post :

«Vous vous souvenez peut-être qu'en 1961, ils (les Américains) ont envahi Cuba. Et tout le monde était tout à fait convaincu que Castro était le pire gars du monde, que tout le peuple cubain se rebellerait contre Fidel Castro. Ils ont oublié qu'il avait éduqué leurs enfants, fourni des soins de santé et transformé complètement leur société.»

Lors du débat, Sanders a déclaré que ses propos de l'époque faisaient partie de sa dénonciation de l'interventionnisme des États-Unis en Amérique latine. Tout en reconnaissant que Cuba n'est pas démocratique, il a affirmé que ce pays «envoie des médecins partout dans le monde».

Hillary Clinton a exprimé son désaccord avec son rival en faisant allusion à une autre portion de l'interview accordée par Sanders en 1985 :

«Je pense que dans la même interview il a salué ce qu'il a appelé la révolution des valeurs à Cuba et parlé de la façon dont les gens travaillaient pour le bien commun, pas pour eux-mêmes. (...) Si ces valeurs consistent à opprimer les gens, à les faire disparaître, à les emprisonner, à les tuer à cause de leurs opinions, ce ne sont pas des valeurs que je voudrais voir à quelque part que ce soit.»

Les propos de Sanders sur Castro n'auront sans doute pas un effet majeur dans la course à l'investiture démocrate, sauf peut-être en Floride. Mais ils feraient évidemment partie des éléments du dossier que les républicains monteraient contre lui pour le dépeindre en méchant socialiste.

Sauf erreur, Sanders et Clinton s'affrontaient hier soir dans le dernier débat de la saison des primaires et caucus. Au lendemain de la victoire étonnante du sénateur du Vermont au Michigan et à six jours des primaires du 15 mars, ils ont eu des échanges vigoureux sur l'immigration, la santé, l'éducation et Wall Street. L'ancienne secrétaire d'État a fait face à plusieurs questions pointues, notamment sur Benghazi, ses courriels et son intégrité.

Jorge Ramos, un des modérateurs, lui a notamment demandé si elle se retirerait de la course si elle était inculpée dans l'affaire des courriels. «Oh, pour l'amour. Cela n'arrivera pas. Je ne répondrai même pas à cette question», a-t-elle répondu sur un ton irrité.

Karen Tumulty, une des modératrices, a rappelé à Clinton une donnée d'un sondage récent selon laquelle seulement 37% des électeurs la considèrent honnête ou digne de confiance. «C'est douloureux d'entendre ça», a-t-elle déclaré en reconnaissant qu'elle n'était pas «une politicienne naturelle, au cas où vous n'auriez pas remarqué, comme mon mari ou le président Obama».

Plusieurs commentateurs ont trouvé que Clinton avait montré de la vulnérabilité et de l'authenticité dans cette réponse. À vous d'en juger :

Outre la Floride, quatre autres États - l'Illinois, l'Ohio, le Missouri et la Caroline-du-Nord - tiendront des primaires le 15 mars.