Après la victoire spectaculaire de Bernie Sanders au Michigan mardi dernier, l'équipe d'Hillary Clinton avait abaissé les attentes pour les primaires d'hier : elle allait se satisfaire de deux solides victoires en Floride et en Caroline-du-Sud et de défaites serrées dans les États du Midwest qui voteraient également, l'Ohio, l'Illinois et le Missouri. Et elle pourrait revendiquer le plus grand nombre de délégués compte tenu de ses victoires décisives, surtout en Floride, qui mettait en jeu 214 délégués.

Or, l'ancienne secrétaire d'État est en voie de réaliser le balayage des États de ce super mardi II. Elle a été déclarée gagnante en Floride avec 65% des voix, en Ohio avec 57% des voix, en Caroline-du-Nord avec 55% des voix et en Illinois avec 51% des voix. Sa victoire la plus précieuse est celle de l'Ohio, un État industriel du Midwest encore plus important que le Michigan, où Sanders avait consacré beaucoup de temps et d'argent (tout comme en Illinois et au Missouri) pour propager son message contre les traités de libre-échange «désastreux» et l'influence «corruptrice» de Wall Street.

En Ohio comme dans les autres États du Midwest, Clinton a répliqué avec un message plus incisif sur l'économie, la préoccupation majeure des électeurs selon les sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote. Elle a notamment promis une défense tous azimuts des emplois et des droits des travailleurs dans la négociation de l'accord de partenariat transpacifique. De toute évidence, son message a été accueilli favorablement en Ohio, où elle a battu Sanders par 13 points de pourcentage.

Et elle pourrait compléter son balayage au Missouri, où elle jouit d'une avance de 1531 suffrages après le dépouillement des voix.

Clinton se retrouve donc aujourd'hui avec une avance de plus de 300 délégués sur Sanders (sans compter les super-délégués). C'est deux fois plus que la plus importante avance dont Barack Obama a jamais eue sur elle pendant la course à l'investiture démocrate de 2008. Le sénateur du Vermont choisira peut-être de continuer sa campagne et d'amasser des délégués. Il pourrait gagner d'autres États. Mais la victoire finale semble être désormais bel et bien hors de sa portée.

Chez les républicains, Donald Trump a également connu une bonne soirée, ayant été déclaré vainqueur dans trois États - la Floride, l'Illinois et la Caroline-du-Nord. Et il jouit d'une mince avance sur Ted Cruz au Missouri. Sa seule défaite est survenue aux mains du gouverneur d'Ohio John Kasich, qui a remporté dans son État sa première victoire et trouvé une raison de poursuivre sa course, ce qui ne déplaira pas à Trump.

Car Kasich continuera à contribuer à diviser l'opposition à Trump dans une course qui a perdu un participant hier, en l'occurrence Marco Rubio, humilié dans son État natal. La campagne du jeune sénateur de Floride, le «sauveur républicain» selon la couverture de l'hebdomadaire Time en février 2013, aura été un des plus grands flops de l'histoire politique américaine.

Reste maintenant à savoir si Donald Trump parviendra, d'ici la fin des primaires et des caucus, à récolter la majorité de 1237 délégués nécessaires pour remporter l'investiture républicaine. La chose est possible mais pas acquise. D'où un suspense, qui débouchera peut-être sur un rare scénario : une convention contestée à Cleveland.