C'est bien beau de vouloir interdire l'avortement, mais comment s'assurer qu'une telle interdiction soit respectée?

Pendant des années, Donald Trump n'a eu cure de la réponse à cette question compliquée. «Je suis très pro-choix», disait-il en 1999, allant même jusqu'à défendre l'avortement tardif.

Or, comme on peut le lire dans cet article publié en 1996 sous la signature de l'intellectuel conservateur Robert George, les adversaires de l'avortement ont rarement cherché à punir les femmes qui défieraient une loi leur interdisant de mettre un terme à leur grossesse. Règle générale, ils préconisent plutôt des amendes ou autres sanctions contre les médecins pratiquant l'interruption volontaire des grossesses.

Trump est donc allé beaucoup plus loin que plusieurs conservateurs aujourd'hui en affirmant qu'une loi interdisant l'avortement devrait être assortie d'un certain châtiment - il n'a pas précisé lequel - pour les femmes qui défieraient cette interdiction.

«Il doit y avoir une certaine forme de châtiment», a dit le promoteur immobilier lors d'une réunion publique animée par Chris Matthews qui sera diffusée ce soir sur MSNBC.

«Pour la femme?» a demandé Matthews.

«Oui», a répondu Trump.

«Horrible et révélateur», a commenté Hillary Clinton, devançant les critiques moins féroces de John Kasich et Ted Cruz, les adversaires républicains de Trump.

Le promoteur immobilier reviendra sans doute sur cette déclaration. Mais il ne parviendra pas à rehausser son image auprès de la grande majorité des Américaines (70%, selon un sondage), qui ont une opinion défavorable à son sujet.

Une majorité qui rendrait quasi impossible sa conquête de la Maison-Blanche s'il remportait l'investiture républicaine.

P.S. : Comme prévu, Trump a rétracté sa déclaration, affirmant que seuls les docteurs pratiquant l'avortement seraient punis après l'interdiction d'une telle intervention.