Voyons voir... Après sa défaite sans appel dans l'État de New York, Bernie Sanders tire de l'arrière sur Hillary Clinton par 237 délégués «élus» et 2 688 789 voix. Si l'on se fie aux sondages, il accusera un retard encore plus important après les primaires qui auront lieu mardi prochain dans cinq États - Pennsylvanie, Maryland, Delaware, Connecticut et Rhode Island.

D'où la question : Sanders croit-il avoir encore une chance de remporter l'investiture démocrate? Cet après-midi, il y a répondu par l'affirmative dans une lettre adressée à ses supporteurs. «Nous avons encore une voie vers l'investiture, et notre plan est de remporter les délégués élus», a écrit le sénateur du Vermont. Et d'ajouter : «La semaine prochaine, cinq États voteront, et il y aura BEAUCOUP de délégués en jeu. Je vais continuer à me battre pour chaque vote, pour chaque délégué, car chacun est une manifestation d'appui pour les valeurs que nous partageons.»

Sanders enchaîne en exhortant ses supporteurs à contribuer chacun 2,70$ à sa campagne.

On ne reprochera pas à Sanders de pratiquer la pensée magique. Il a le droit de continuer à faire campagne et à employer les arguments qu'il veut pour soutirer de l'argent à ses supporteurs. De toute façon, il a déjà dit pire. Au cours des dernières semaines, il a notamment tenté d'expliquer son retard sur Clinton par le vote des États «conservateurs» du Sud profond, une excuse non seulement fallacieuse mais également dédaigneuse des Noirs de la région (ceux de New York, soit dit en passant, ont également appuyé en masse Clinton).

Mais la palme de la pensée magique revient au directeur de campagne de Sanders. Sur MSNBC, Jeff Weaver a expliqué hier soir que le sénateur du Vermont tenterait de convaincre les super-délégués ayant déjà annoncé leur appui à Clinton de changer de camp à l'occasion de la convention du Parti démocrate à Philadelphie, fin juillet.

Comme on peut le constater dans la vidéo qui coiffe ce billet, Weaver a affirmé que Sanders adopterait cette stratégie même s'il perdait la course au chapitre des délégués ainsi que le vote populaire. Son argument massue? Sanders ferait un meilleur candidat que Clinton contre l'éventuel choix des républicains.

L'ironie veut que le camp Sanders ait commencé la course en déplorant l'existence des super-délégués. Et voilà que leur salut passerait par ces représentants de l'establishment démocrate!

P.S. : Aussi controversés soient-ils, les super-délégués n'ont jamais renversé le verdict des électeurs ayant participé aux primaires et caucus démocrates.