Après avoir remisé ses gants de boxe, et au fur et à mesure que s'éloignaient les tourments des années 60 et 70, Muhammad Ali était devenu au sein de son pays une figure immensément admirée et respectée, et parfois pour les mêmes raisons qui avaient fait de lui un personnage haï par plusieurs de ses compatriotes.

En invoquant des raisons politiques et religieuses pour refuser d'être incorporé à l'armée américaine au plus fort de la guerre du Vietnam, Ali a été dépouillé de son titre des poids lourds, banni de la boxe pour trois ans, condamné à cinq ans de prison pour insoumission (draft evasion) et mis à l'amende. Héros aux yeux des opposants de la guerre du Vietnam, il était devenu une menace aux yeux de l'establishment conservateur.

«Aucun Vietcong ne m'a jamais traité de nigger», avait-il fameusement déclaré dans l'une des interventions que l'on peut entendre dans cette vidéo :

C'était en 1967, trois ans après qu'Ali eut surpris Sonny Liston et remporté son premier championnat, et deux ans après sa conversion à l'islam et son abandon de son «nom d'esclave» (Cassius Clay) pour celui choisi par le leader d'un groupe séparatiste noir, changements qui marquaient son rejet de l'intégration raciale défendue à la même époque par Martin Luther King.

En interjetant appel, Ali n'a jamais eu à servir la peine de prison qu'il avait écopée. Mais il a dû attendre plus de trois ans avant de remonter dans le ring et il a dû renoncer à plusieurs millions de dollars de revenus. Avec le recul du temps, ce sacrifice a fini par emporter l'admiration de plusieurs de ses détracteurs de l'époque, qui ont reconnu en lui un homme qui ne voulait pas trahir ses convictions en participant à une guerre à laquelle il était opposé.

RIP Ali.