Il n'est pas question ici des propos dégradants de Donald Trump sur les femmes ou des allégations dont il fait l'objet depuis quelques jours. Il est question du discours que tient le candidat républicain pour mettre en doute la légitimité de l'élection présidentielle et de sa rivale démocrate. Un discours qui alimente la colère et l'hostilité de ses partisans envers les médias, les partis et celle qui pourrait devenir la première femme à occuper le Bureau ovale.

En répétant jusqu'à plus soif que le système électoral est «truqué», Trump menace une des traditions dont les États-Unis ont raison de s'enorgueillir : la passation de pouvoir pacifique d'un président à un autre. Une tradition qui a notamment été respectée en 2000 Al Gore qui aurait pourtant pu contester la décision de la Cour suprême de donner à son rival les clés de la Maison-Blanche.

Mais Trump ne se contente pas seulement de dénoncer un «trucage» électoral. Il encourage aussi ses partisans à se rendre dans «certaines communautés» pour s'assurer que l'élection ne soit pas «volée» par les électeurs qui y vivent. «Vous savez de quelles communautés je parle», a-t-il récemment déclaré en faisant allusion aux circonscriptions où les Noirs sont les plus nombreux.

Le Boston Globe publie aujourd'hui un article sur l'effet de ce discours sur les partisans les plus convaincus de Trump en Ohio. Je cite l'un d'eux, un entrepreneur de 50 ans :

«Si (Clinton) entre en fonctions, j'espère que nous pouvons déclencher un coup d'État. Elle devrait être emprisonnée ou abattue... Nous devons avoir une révolution pour les expulser du pouvoir si nécessaire. Il y aura beaucoup de sang versé.»

Trump n'est pas le seul responsable de ce dérapage indécent et dangereux. Les républicains du Congrès et les médias conservateurs n'ont pas attendu son signal pour tenter de délégitimer Barack Obama ou Hillary Clinton. Mais certains d'entre eux font aujourd'hui partie de ceux qui s'inquiètent des conséquences des discours toxiques du candidat républicain.