«Poutine et le gouvernement russe ont voulu augmenter les chances du président désigné d'être élu autant que possible en discréditant la secrétaire Clinton et en la comparant désavantageusement à lui.»

Le FBI, la CIA et la NSA sont arrivés à cette conclusion après avoir analysé une «campagne d'influence» orchestrée selon eux par Moscou et à laquelle une agence de renseignement militaire russe - le GRU - a participé en créant notamment une personnalité virtuelle - Guccifer 2.0 - et un site internet - DCLeaks.com - pour disséminer des courriels piratés du Parti démocrate et du président de la campagne présidentielle d'Hillary Clinton, John Podesta.

Ces mêmes courriels ont été relayés par le GRU à WikiLeaks après le manque d'intérêt manifesté par les médias américains à l'égard des révélations de Guccifer 2.0 et de DCLeaks.com, selon les renseignements américains.

Ces détails se trouvent dans le rapport publié hier par les renseignements américains sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine. Selon le FBI, la CIA et la NSA, la campagne de Moscou a misé sur plusieurs autres stratagèmes pour influencer la campagne américain, allant de la propagande et de la désinformation véhiculées par RT, média financé par le Kremlin, à l'action d'une petite armée de trolls et de blogueurs déterminés à amplifier le message du Kremlin sur internet et les réseaux sociaux.

Le rapport rendu public ne devrait pas suffire à convaincre les plus sceptiques ou critiques à l'endroit des renseignements américains. Contrairement au rapport secret remis à Barack Obama jeudi et présenté hier à Donald Trump, il ne contient aucune preuve appuyant les analyses et conclusions des renseignements américains.

N'empêche, le rapport constitue un document extraordinaire. Il a d'abord pour effet de miner la légitimé du président qui est à la veille diriger les services de renseignement américains, comme le souligne le New York Times dans un article publié aujourd'hui sur six colonnes à la une. Il explore en outre de long en large la propagande et la désinformation émanant de RT, un média auquel le général retraité Michael Flynn, conseiller de Trump pour la sécurité nationale, a souvent collaboré.

Trump a cherché à minimiser le rapport des renseignements américains en affirmant notamment que la campagne d'influence russe n'avait eu «aucun impact» sur le résultat du scrutin du 8 novembre. Il faut préciser que le rapport ne tire pas de conclusion à ce sujet. Et il faut rappeler que Trump a mentionné à plusieurs reprises pendant la campagne présidentielle les révélations publiées par WikiLeaks, les décrivant, à tors ou à raison, comme autant de preuves de la corruption de Clinton.

Faut-il pour autant croire sur parole les renseignements américains? Un sain scepticisme est sans doute de mise. Mais il faut admettre que le FBI, la CIA et la NSA n'ont pas eu peur de déplaire à leur prochain patron.