En 1967, Lyndon Johnson a promulgué une loi interdisant à tout membre de la famille ou de la belle-famille d'un président de détenir un emploi dans une agence fédérale. Le président et le Congrès de l'époque voulaient ainsi éviter la répétition de la controverse soulevée par la nomination de Robert Kennedy au poste de ministre de la Justice par son frère John Kennedy.

Cette loi a été invoquée en 1993 par l'Association américaine des médecins pour contester la façon dont Hillary Clinton pilotait le dossier de la santé que son mari Bill lui avait confié. Par deux voix contre une, une cour d'appel fédérale a conclu que la Première dame était «de facto» une employée au sens de la loi fédérale sur les comités consultatifs.

Dans un commentaire rejeté par ses deux collègues, le juge Laurence Silberman a même exprimé le doute «que le Congrès ait voulu inclure la Maison-Blanche» dans son texte législatif contre le népotisme. «De plus, la loi anti-népotisme pourrait n'interdire que les postes rémunérés au sein du gouvernement», a-t-il ajouté.

Tout indique que le commentaire du juge Silberman, qui n'a pas la force d'une décision et encore moins d'une loi, servira d'argument principal à Donald Trump pour défendre la nomination de son gendre Jared Kushner au poste de haut conseiller de la Maison-Blanche pour lequel il ne sera pas rémunéré.

Plusieurs juristes, dont un ancien conseiller juridique de George W. Bush, contestent cette interprétation d'une loi anti-népotisme qui s'appliquerait à toutes les agences fédérales à l'exception de la Maison-Blanche. La professeure de droit Kathleen Clark va plus loin en décrivant la nomination de Kushner comme «la première tentative [de Trump] d'ignorer la loi».

La controverse autour de la nomination de Jared Kushner s'accompagne de soupçons de conflits d'intérêts. Une avocate du gendre de Trump a indiqué hier qu'il «quitterait ses fonctions» chez Kushner Companies, l'entreprise immobilière familiale, procéderait à des «désinvestissements substantiels» et resterait à l'écart des questions ayant «un effet direct et prévisible» sur ses intérêts financiers.

Les critiques de Kushner qualifient déjà la promesse de désinvestissements de Kushner de «tour de passe-passe» dans la mesure où il transférera une partie importante de ses actifs à son frère et à une fiducie contrôlée par sa mère.

Dans ses fonctions à la Maison-Blanche, Kushner sera notamment appelé à conseiller le président sur des dossiers concernant le Moyen-Orient, Israël et le commerce international. Âgé de 36 ans - il célèbre aujourd'hui son anniversaire de naissance -, Kushner est un démocrate qui a vécu une transformation politique au cours de la campagne présidentielle tout en maintenant une relation privilégiée et une influence incontestable auprès de son beau-père.

Certains démocrates, dont le maire de New York Bill de Blasio, espèrent que son influence sur Trump sera modératrice. «Je le respecte beaucoup», a dit de Blasio hier. «Je le connais depuis plusieurs années et je le trouve très raisonnable.»