En invitant à la Maison-Blanche le président philippin Rodrigo Duterte au cours d'une conversation téléphonique «très amicale» samedi, Donald Trump n'a pas seulement surpris ses critiques mais également les membres de sa propre administration, selon cet article du New York Times.

Le quotidien révèle que le département d'État et le Conseil de sécurité nationale, pris de court par cette invitation, devraient soulever des objections à propos de l'accueil éventuel à la Maison-Blanche d'un chef d'État accusé d'ordonner des exécutions extrajudiciaires dans son combat contre les trafiquants et accrocs à la drogue.

Duterte a lui-même admis avoir tué des suspects de crime alors qu'il était maire de Davao.

Les défenseurs des droits humains ne sont pas seulement surpris mais indignés par l'invitation de Trump et ses propos louangeurs à l'égard de Duterte. «En endossant essentiellement la guerre meurtrière de Duterte contre la drogue, Trump est désormais moralement complice des assassinats à venir. Même si les traits de sa personnalité rendent la chose impossible, il devrait avoir honte de lui-même», a déclaré John Shifton, de l'organisation Human Rights Watch.

Duterte n'est pas le premier chef d'État autoritaire qui s'attire les compliments de Trump. Ce dernier aura vanté au fil des mois les présidents de la Turquie, de l'Égypte, de la Chine et de la Russie, entre autres.

Trump s'est entretenu au téléphone avec Duterte après un discours devant des partisans rassemblés à Harrisburg, en Pennsylvanie, où il a célébré les 100 premiers jours de sa présidence en dénonçant longuement ses nombreux ennemis, sur le même ton hargneux qu'il employait lors de sa campagne électorale. Jamais de telles jérémiades n'avaient franchi les lèvres d'un occupant de la Maison-Blanche :